Gestion de l’enherbement inter-rang

De quoi s’agit-il ?

L’enherbement de l’inter-rang fait partie intégrante des bonnes pratiques de conception du verger. La surface enherbée participe pleinement à la vie du verger et présente plus d’intérêts que de désagréments. Sa durabilité est liée au choix du producteur, notamment en termes d’irrigation, mais dépend surtout du climat qui va influer d’abord son installation, puis son maintien en conditions sèches non irriguées et enfin à sa survie après une récolte pluvieuse.

Caractéristiques de la variété

Date de récolte en période potentiellement pluvieuse. La pose et la sortie des palox sur sol détrempé se traduisent par la création d’ornières dans le rang et peut aller jusqu’à la destruction totale de l’enherbement au niveau des tournières.

Points clés

  • Facilitation des chantiers et des conditions de travail :
    – amélioration de la portance des engins et limitation du tassement,
    – réentrée dans le verger plus rapide après une pluie,
    – aisance dans les mouvements/déplacements du personnel lors des opérations manuelles,
  • Amélioration durable des qualités du sol :
    – stabilité structurale = décompactage par les racines,
    – enrichissement en matière organique,
    – partie du sol proche des racines des plantes, très riche en micro-organismes et en substances biologiques (développement des vers de terre, …),
    – porosité à conserver par passage d’outils aérateurs pour limiter le risque d’asphyxie,
  • Partie du sol proche des racines des plantes, très riche en micro-organismes et en substances biologiques.
  • Intérêt pour l’environnement :
    – érosion et ruissellement limités = lessivage atténué (particules de sol, éléments minéraux, pesticides) et respect des eaux de surface,
    – stockage du carbone,
  • Amélioration du microclimat du verger en favorisant l’hygrométrie et limitant la température ;
  • Limitation des poussières qui se déposent sur feuilles et fruits :
    – réduction de l’impact négatif sur la photosynthèse,
    – conditions moins favorables au développement des acariens,
  • Limitation du développement des adventices (par rapport à un sol nu) et facilité d’entretien à moindre coût par rapport au travail du sol de l’inter-rang.

Attention

  • L’enherbement inter-rang nécessite un apport d’eau ou se dégradera progressivement en l’absence de précipitations. Les besoins en eau sont donc supérieurs de 20% en verger enherbé irrigué en pleine surface ;
  • L’enherbement nécessite un apport azoté en pleine surface, la 1ère année : 20 à 40 unités/ha. Les besoins sont d’autant plus forts que le sol est pauvre en matière organique ;
  • La colonisation par les campagnols est plus facile sur sol enherbé (maintien des galeries). L’enherbement peut éventuellement être mis en place un rang sur deux la première année puis compléter la suivante ;
  • L’enherbement souillé peut être contaminant, il retient les feuilles et l’inoculum qu’elles contiennent.

Conseils

  • L’implantation de l’enherbement est possible un rang sur deux et étalée sur 2 ans si les conditions de préparation de sol ne sont pas optimales avant plantation ou si les passages pour la plantation/palissage ont dégradé le couvert végétal ;
  • Une tonte rase de 3 à 5 cm est à prévoir en cas de risque de gel de printemps annoncé. Le rayonnement du sol est facilité et participera au « réchauffement » ambiant. C’est une lutte passive ;
  • Prévoir une tonte ou un broyage avant toutes opérations faisant intervenir du personnel (éclaircissage manuel et récolte) ;
  • Prévoir une tonte ou un broyage au printemps en période de protection du verger pour limiter la présence de fleurs et de fait un risque d’atteintes aux insectes pollinisateurs ;
  • En conditions méditerranéennes et dans la mesure du possible :
    – privilégier le semis à l’automne pour une installation rapide suite aux pluies d’équinoxe,
    – préférer des espèces en mélange et résistantes à la sécheresse,
  • Les graminées sont moins agressées par les outils à lames qu’à marteaux ;
  • Les outils à lames nécessitent de passer plus souvent car ils tolèrent moins le bourrage ;
  • Pour limiter la concurrence, fertiliser les arbres au plus près du rang ;
  • Une scarification peut s’avérer nécessaire en sol battant pour augmenter la porosité de surface ;
  • Réaliser des observations de compactage par ouverture de fosses ou par l’utilisation d’un compactomètre sur sol fraichement ressuyé (location ou prestation possible) ;
  • Si le sol est trop tassé sur l’inter-rang, le décompacter après récolte ou au printemps sur sol assez sec pour favoriser le foisonnement, en privilégiant un tracteur à chenille plus adapté à ce type de travail (location ou prestation possible).

Bon à savoir

  • Les critères de choix des espèces herbacées à implanter pour l’établissement d’un gazon sont :
    – bonne levée sur sol souvent grossièrement préparé qui doit être idéalement tassé en profondeur et émietté en surface,
    – système radiculaire fasciculé et bon enracinement (graminées),
    – résistance au roulage et à la sécheresse,
    – densité et régularité = compétitivité face aux « adventices »,
    – longévité/rusticité,
  • Des légumineuses comme le trèfle sont parfois associées pour la fourniture d’azote mais présente une attractivité pour le campagnol ;
  • Les graines n’ont pas besoin d’être enfouies en profondeur (maximum 2 cm), mais doivent être roulées.

Focus

Plusieurs espèces sont envisageables seules, mais préférer les mélanges qui « partagent le risque », considérant que le couvert universel n’existe pas. Les graminées constituent l’espèce de base :
– le ray-grass anglais est rustique, s’implante facilement et résiste bien au passage des engins. Il tolère peu la sécheresse,
– la fétuque élevée est très résistante à la sécheresse, vigoureuse, concurrente et demande de nombreuses tontes en conditions favorables, ne pas faire de tonte rase,
– la fétuque rouge gazonnante présente un ensemble de caractéristiques intéressantes,
– la fétuque rouge demi-traçante pousse lentement mais peut s’avérer concurrente,
– le brome cathartique, la fétuque ovine et le pâturin des prés sont à éviter à cause de leur faible longévité et de leur mauvaise résistance aux passages d’engins.

Outils

  • Le rouleau Faca peut être une alternative à la tonte/broyage :
    – limitation du développement par casse et roulage des tiges des graminées,
    – économie en passages classiques (temps + carburant),
  • Intervention sur herbes hautes et développées, de façon à les blesser à plusieurs endroits et à constituer un mulch vivant. Les plantes sont les plus sensibles au moment de la floraison ;
  • La spécificité du rouleau est un facteur de réussite. Il peut être simple et lisse, de type crosskill ou à barres. Le diamètre du rouleau conditionne la vitesse de rotation et le nombre de lames. L’angle des couteaux joue sur l’agressivité, sans perdre de vue que, dans le cas de l’arboriculture, le but est de contrôler une végétation trop vive et pas de la détruire.

Mémento

  • Le calendrier minimal de tonte/broyage de l’enherbement est le suivant :
    – printemps : favoriser la croissance du couvert végétal et participer à la lutte passive en cas de risque de gel,
    – avant éclaircissage manuel,
    – avant récolte ou opérations liées à la récolte,
    – après chute des feuilles dans une optique de réduction de l’inoculum tavelure,
    – le broyage du bois de taille participe au contrôle de l’enherbement et à la dégradation des feuilles restantes,
  • Les tontes à épiaison sont affaiblissantes et ne doivent pas être renouvelées trop souvent ;
  • La tonte par temps sec évite les paquets d’herbe qui peuvent agir comme un paillage et dégrader l’enherbement.

Agriculture biologique

  • La date de récolte tardive rend prioritaire le choix d’une espèce particulièrement résistante aux passages d’engins. Cependant cette obligation concerne uniquement les passages de roues.
  • Une diversification botanique peut donc être pratiquée entre les roues, voire parfois à l’extérieur des roues.
  • Ces zones peuvent être utilisées pour implanter des légumineuses pourvoyeuses d’azote et favorables aux insectes utiles. Pour aller plus loin, d’autres plantes peuvent y être semées pour accentuer la régulation des ravageurs. Cela suppose une modification des pratiques courantes de gestion du couvert herbacé :
    – observer l’entomofaune présente dans l’enherbement diversifié, afin de gérer au mieux les populations d’insectes utiles ou nuisibles, notamment le report sur la culture.
    – ne pas tondre 100 % d’un bloc parcellaire, mais 1 rang sur 2 en alternance, le 2ème rang étant coupé lorsque le premier commence à refleurir. Il faut pour cela anticiper la première tonte.
    – une autre solution est l’utilisation d’un matériel ne coupant pas l’herbe entre les roues.
    – tondre plus haut, 20cm voire plus.
    – afin de ménager au maximum les auxiliaires, la « barre de coupe » est idéale et la tondeuse est à préférer au broyeur.
    – la fertilisation va défavoriser la biodiversité botanique, la limiter « autant que faire se peut » entre les roues.
    – surveiller les campagnols qui se réfugient dans les zones les plus couvertes et les plus riches en plantes attractives (plantes à pivots, légumineuses). Cela permet de focaliser la lutte directe dans ces zones.
  • Il reste obligatoire d’éliminer la totalité des fleurs de ce couvert diversifié avant la réalisation d’une intervention toxique pour les pollinisateurs.

Témoignages

Reprise des ornières après la pluie?
Passage rouleau Faca
Utilisation outils de décompaction

Gestion de l’enherbement sur le rang

De quoi s’agit-il ?

Pour limiter la compétition entre l’enherbement et les arbres, il est nécessaire de supprimer les adventices présentes sur le rang. Cette opération peut s’effectuer chimiquement, mécaniquement ou par paillage. Des outils thermiques ou à pression viennent compléter les possibilités de contrôle. Chaque technique présente des avantages/inconvénients et des périodes clés pour leur mise en place. Le contrôle sur le rang s’avère indispensable pour favoriser la croissance des jeunes arbres et atteindre rapidement le volume de production souhaité. Outre l’impact négatif sur les performances agronomiques, un excès d’adventices limite la visibilité des tumuli de campagnols qui peuvent ainsi occasionner des dégâts.

Désherbage mécanique

Le désherbage mécanique est une technique ancienne détrônée par les produits de synthèse et qui redevient d’actualité avec la volonté de réduire l’utilisation d’herbicides. Il se caractérise par un travail superficiel du sol à l’aide de différents outils associés souvent à un mécanisme d’esquive du tronc. Il lui est reproché son coût, tant en investissement qu’en fonctionnement (temps, carburant, remplacement pièces d’usure). Globalement, cette technique peut s’avérer dépressive sur les racines superficielles, peut favoriser une semelle plus ou moins perméable, peut blesser le tronc servant de porte d’entrée à certaines maladies. Enfin, en zone pentue, l’érosion n’est pas exclue quand pluie abondante coïncide avec travail du sol récent.

Quelques précautions sont nécessaires pour tirer le meilleur parti des outils.

  • Suspendre le système d’irrigation ou l’enterrer suffisamment profondément ;
  • Préférer l’utilisation d’arbres en bi-axes, plus espacés et qui facilitent l’esquive ;
  • Maintenir les arbres le plus verticalement possible ;
  • Limiter les ornières qui compliquent le passage des outils et demandent une vigilance accrue ;
  • Intervenir si possible dès le plus jeune âge pour limiter l’action dépressive sur les racines d’arbres âgés ;
  • Revoir par la taille, la configuration à la base des arbres pour éviter l’accrochage ou la casse de branches et la chute de fruits qui en découle ;
  • Intervenir tôt et autant de fois que nécessaire sur une végétation modérément développée ;
  • Choisir le matériel en fonction du type de sol, de son potentiel d’humidité et surtout de la compétence du tractoriste ;
  • Les outils disposés à l’avant réduisent la pénibilité pour le tractoriste ;
  • Contrôler la profondeur de travail par patins ou roues de jauge est bénéfique : moins d’usure, moins d’énergie dépensée et moins de blessures aux racines, meilleure adaptation aux types d’adventices ;
  • Alterner les outils pour ne pas déplacer la terre toujours dans le même sens, prévoir un porte-outil qui permettra de varier les fonctions ;
  • Les outils rotatifs tassent plus que les outils à dents ou à griffes ;
  • Les palpeurs doivent être réglés et surveillés pour éviter toute blessure au tronc, point de greffe, collet
    – En vergers denses, avec des distances sur le rang de moins d’un mètre, l’utilisation de ces systèmes est quasi impossible.
  • L’usure et le cout des pièces travaillantes ainsi que leur disponibilité sont à prendre en compte dans le choix de l’outil ;

Désherbage thermique

  • Le désherbage thermique part d’un principe assez simple, puisqu’en approchant une source de très forte chaleur (800°C), durant 1 à 2 secondes, au-dessus des végétaux à éliminer, un choc thermique va se produire, sans brûlures sur les herbes. Ce choc provoque l’éclatement des cellules, la vaporisation de l’eau des cellules végétales et la coagulation des protéines. Le système racinaire reste en place, se dégrade ou la végétation redémarre. Cette technique, propre pour la santé et l’environnement, nécessite d’intervenir précocement sur stade plantules et plusieurs fois. Elle a pour inconvénient de dégrader les filets de protection contre les lapins, mais surtout les tuyaux d’irrigation (si non suspendus) et, en période sèche, pourrait provoquer des incendies. Les appareils disponibles fonctionnent au propane dont le transport est réglementé.
  • Le désherbage thermique pour les raisons citées ci-dessus présente un manque global d’efficacité car il est uniquement actif sur plantules, peu pertinent sur monocotylédones et plantes avec système racinaire persistant par ses réserves (chiendents, sorgho d’alep, rumex, …) Cette méthode n’est envisageable qu’en complément occasionnel d’autres pratiques.
  • Des études sont en cours pour la mise au point de solutions de désherbage des vergers à partir de l’électricité (Système Xpower de Zasso)
    – Des test sont en cours pour déterminer la durée des contacts avec la plante selon la vitesse et la hauteur de végétation (0,01 à 1 s), la tension appliquée réglable entre 3 000 et 7 000 V, l’intensité (inférieure à 0,5 A).
    – La question de l’impact sur la vie du sol reste posée.

Paillage

  • Le paillage ou mulch consiste à apporter de la matière au pied des arbres pour limiter l’enherbement, mais présente un inconvénient majeur : la prolifération des campagnols.
  • L’apport de matières organiques, paille, herbe, écorce, BRF (Bois Raméal Fragmenté) est favorable à l’enrichissement humique et à la structure du sol. Cependant, la faible disponibilité en matériaux organiques et surtout le manque d’outils réellement adapté pour l’épandage au pied des arbres ont contribué au faible développement de cette technique. L’apport de matière organique doit être renouvelé régulièrement pour compenser sa dégradation, 10 à 15 cm sont nécessaires pour l’opacité à la lumière. Ne pas pailler trop tôt pour éviter un enracinement superficiel.
  • Le paillage plastique est également possible, mais pose de nombreux problèmes : le recyclage de produits souvent souillés de terre et après dégradation par le soleil, le vol au vent de nombreux morceaux épars qui souillent la nature. La pose est peu mécanisée et nécessite des interventions manuelles. La lutte contre le campagnol est impossible et le rongeur est à l’abri des prédateurs. En cas de broyage forestier lors de la fin de vie du verger, de nombreux morceaux de plastique vont polluer la parcelle.
  • Les bâches biodégradables sont composées de produits d’origine naturelle 100% biodégradables et utilisables en Agriculture Biologique (jute, chanvre, sisal, cellulose, amidon de maïs). Le support est à base de fibres végétales, imprégné parfois de latex naturel et renforcé selon les fabricants par un grillage en viscose. La dégradation est rapide et nécessite de renouveler la bâche régulièrement. La mise en place n’est pas toujours mécanisable et le renouvellement sur verger implanté est plus longue que l’installation initiale lors de la plantation. Le prix est également un frein à l’utilisation.

Enherbement total

  • Un enherbement total, avec une couverture végétale faiblement concurrente et suffisamment couvrante pour éviter la colonisation par des vivaces, est possible. Les graminées sont à proscrire, car trop concurrentes (compétitions hydrique et azotée). Les légumineuses (trèfle blanc) sont moins concurrentes et restituent de l’azote, mais sont appétantes vis-à-vis des campagnols. Plusieurs études sont en cours pour développer des espèces couvre-sols adaptées aux vergers.
  • L’enherbement total ne doit être implanté que lorsque le verger est installé, pour éviter une croissance insuffisante des arbres. Dans ce cas, le semis est manuel, car il n’existe pas d’outil adapté. Il faudra ensuite utiliser un matériel de tonte avec satellite déporté et système d’escamotage pour venir couper l’herbe sur le rang. Le maintien d’un enherbement de qualité passe également par son irrigation.

Désherbage chimique

  • La réglementation sur les herbicides évolue rapidement, vérifier leur statut réglementaire avant utilisation https://ephy.anses.fr/ ou auprès des interlocuteurs techniques ;
    – L’évolution de la réglementation, tend vers une interdiction de certaines molécules (glyphosate par exemple). Des solutions de remplacement doivent être trouvées,
  • Les herbicides n’ont pas tous le même mode d’action :
    – les herbicides de prélevée sont absorbés par les racines des plantules avec une migration plus ou moins importante. Ils sont à appliquer de façon homogène sur un sol nu et légèrement humide, juste avant germination.
    – les herbicides de post-levée pénètrent par les feuilles avec une migration faible à nulle pour les herbicides de contact ou une migration importante pour les systémiques. Ils sont à appliquer sur des adventices développées.
  • Pour les herbicides de contact et plus particulièrement les systémiques, des précautions sont à prendre pour ne pas pulvériser le tronc et le feuillage des arbres ;
  • Réaliser correctement les réglages de l’appareil pour obtenir une bonne répartition sur la surface à désherber, une bonne pénétration dans le volume des mauvaises herbes et une bonne couverture sur toutes les herbes à détruire.

Témoignage en agriculture biologique

Le point le plus important est d’abandonner l’idée d’avoir un sol propre toute l’année. Cela coûte beaucoup trop cher et est une impasse agronomique. L’herbe n’est pas une ennemie, c’est une amie qu’il faut savoir canaliser en la transformant en engrais vert.
Sachant que, jusqu’à ce jour, personne n’a trouvé le système idéal sur la durée. Le parc de matériels d’entretien du sol au pied de l’arbre augmente donc rapidement avec les années en de conduite Agriculture Biologique. De nombreuses méthodes d’entretien du sol sur la ligne de plantation peuvent être utilisées, seule l’utilisation de substances désherbantes est formellement interdite.

Paillage

  • Les paillages plastiques tissés ou classiques.
    Outre les problèmes de fragmentation dans les parcelles et de recyclage pratiquement impossible, ce système favorise fortement le campagnol ainsi qu’un chevelu racinaire superficiel. Par contre, les résultats agronomiques (en l’absence de campagnols) sont généralement très bons.
  • Les paillages biodégradables.
    Les effets sur le sol sont généralement positifs mais la problématique rongeurs reste majeure. Les produits actuellement disponibles en plaques ou en rouleaux ont une durée de vie maximale de 18 mois et un prix prohibitif calé sur le marché des parcs et jardins.
    Les matières fragmentaires (écorces, déchets verts…) sont pénalisées par le coût du transport (sauf opportunité locale) et de mise en place. La variété des matières premières rend difficile une préconisation mais les risques les plus fréquents sont la faim d’azote, la toxicité de certaines substances (terpènes…) et l’acidification (sur sols acides).

Travail du sol

  • •Plus la densité sera élevée et le porte-greffe fragile (tissus cassants des types M9, CG11, M26) plus le système d’effacement devra être performant pour réduire au minimum la surface non travaillée et les blessures voire les casses d’arbre.
  • Dans le même objectif de qualité et de rapidité de travail, les troncs doivent être bien verticaux et le plus rectilignes possibles. La présence de bourrelets de greffes est gênante, notamment si leur hauteur est irrégulière.
  • Le travail du sol, avec un système d’effacement et de loin, le plus utilisé.
    – Les bâtis universels porte-outils sont pertinents dans la majorité des situations car ils permettent de choisir les têtes travaillantes et le plus souvent ils sont réglables en largeur. Cependant leur attelage arrière ou parfois avant est moins favorable à la précision du travail qu’un positionnement ventral.
    – Les disques sont des outils rustiques et passe partout, mais ils présentent l’inconvénient de favoriser le bouturage du chiendent et du sorgho d’alep. De plus lorsqu’ils sont utilisés pour retirer la terre du pied de l’arbre ils laissent une zone non travaillée trop importante, et ce d’autant plus que la densité est élevée.
    – Le poids de l’outil et sa situation en porte à faux vont influencer le tassement du sol ; son besoin de puissance hydraulique et sa résistance à l’avancement vont impacter la consommation d’hydrocarbures.
    – La capacité de l’outil à travailler sur une végétation importante est incontournable pour permettre l’incorporation d’un engrais vert mais également car il est quasi inévitable que le développement du couvert nous dépasse à un moment ou à un autre ( sol impraticable, incident mécanique ou autre…)
    – Un premier travail du sol sur des arbres installés doit être fait immédiatement après récolte, donc en période de faible demande physiologique et climatique et avec plusieurs mois avant le démarrage de la saison suivante.

Enherbement permanent

  • Ce système est envisageable sur arbres installés et vigoureux (sols très fertiles ou porte-greffe semi vigoureux type 7). Son entretien demande moins de puissance et de temps que le travail du sol. De plus il présente les avantages suivants :
    – effet tampon racinaire lors de fortes pluies, courbes de grossissement plus régulières. De même pour l’azote, la pression pucerons diminue avec l’enherbement,
    – refuge à auxiliaires, notamment forficules contre pucerons lanigères et pucerons cendrés,
    – réduction des risques phytophthora,
    – régulateur de croissance « gratuit »,
    – fourniture d’azote gratuit en utilisant des légumineuses,
    – augmentation de la fermeté du fruit,
    – possibilité de positionner des plantes favorables aux auxiliaires au plus près des arbres, ce qui augmente fortement leur efficience.
  • Par contre, une adaptation de l’ensemble de l’itinéraire cultural est à anticiper avec votre service technique, notamment sur la fertilisation (incorporation impossible), l’irrigation (fréquences, doses…) et la stratégie de gestion du campagnol, simultanément au choix des espèces à semer pour éviter un excès de concurrence.

Système Sandwich

  • Méthode suisse astucieuse proche de la méthode classique de travail du sol mais permettant, par le fait de ne pas travailler la bande centrale de la ligne de plantation, de ne pas blesser l’arbre, d’éliminer le système complexe et coûteux d’effacement, et de travailler beaucoup plus vite et plus facilement des 2 côtés en même temps. De surcroît la fertilisation peut être incorporée sur la bande travaillée.
  • La bande centrale non travaillée devra être semée avec une plante peu concurrente. Cependant, à terme, un outil de tonte sera incontournable. Une autre option est d’entretenir cette bande par lacération du sol avec un outil de type Herbanet (fils plastiques sur un axe horizontal à rotation rapide).
  • Le sandwich peut être installé beaucoup plus vite qu’un enherbement permanent, dès la fin de la 2ème année si le verger a bien démarré. Il est également possible de faire évoluer la flore de la bande centrale en fonction du comportement des arbres, notamment par des plantes plus favorables aux auxiliaires.

Témoignages

Désherbage mécanique
Notion de tractoriste et pilote
Type d’outils

Irrigation

De quoi s’agit-il ?

L’arbre fruitier est une plante, pérenne, ligneuse, de grand développement et cultivée pour une production fruitière régulière et de qualité. L’ensemble de ces caractéristiques conduisent à une consommation hydrique annuelle pouvant atteindre 800 mm. Si les précipitations ne sont pas en mesure de fournir les quantités nécessaires au cycle de l’eau dans l’arbre, soit l’absorption par les racines et la transpiration par les feuilles, c’est au producteur de subvenir par l’irrigation aux besoins du pommier. Il a donc la charge d’apporter l’eau jusqu’aux racines par le système d’irrigation, de définir les apports dans leur fréquence et leur volume et de contrôler le bon comportement de l’arbre. L’utilisation de systèmes de contrôle et de pilotage limitera les stress en facilitant la prise de décision notamment dans un contexte de changement climatique.

Caractéristiques de la variété

  • Long cycle de végétation ;
  • Sensibilité aux chocs et meurtrissures ;
  • Tendance à un calibre excessif ;
  • Sensibilité aux fentes oculaires, favorisées par :
    – le calibre, les plus gros fruits sont plus sensibles,
    – les vergers en altitude et les climats secs,
    – la face ouest et les fruits directement exposés au soleil,
    – les températures élevées dans la seconde partie du cycle de croissance,
    – les à-coups d’irrigation ou d’azote.

Points clés

  • S’assurer que l’eau est disponible en quantité, aux périodes nécessaires, avec une pression suffisante et une qualité minimale ;
  • Assurer un confort hydrique pendant la phase de multiplication cellulaire (de la floraison aux 40 à 50 premiers jours de la vie du fruit) ;
  • La réduction des apports après chute physiologique permet de contrôler la vigueur ;
  • Observer le sol (tarière ou bêche) et l’état du végétal (le matin) ;
  • Adapter la gestion de l’irrigation à la parcelle, ne généraliser en aucun cas ;
  • Pour économiser de l’eau en irrigation, connaître la réserve utile (RU) du sol ;
  • Utiliser des outils de contrôle qui couplé à un outil d’aide à la décision simplifieront la gestion de l’irrigation.

Bon à savoir

  • Le terme évapotranspiration intègre les pertes par la plante et par le sol sous l’influence des conditions climatiques. La quasi-totalité de l’eau consommée par un verger est transpirée par le feuillage (78 à 89%) et une faible part est évaporée au niveau du sol (10 à 20%, voire moins en goutte à goutte) ;
  • Les unités couramment utilisées sont :
    – mm : hauteur d’eau qui permet de s’affranchir de l’unité de surface (1 mm / ha = 1 l / m²),
    – m3/ha : volume d’eau par unité de surface (1 mm / ha = 10 m3/ha),
    – l/arbre : utilisé pour l’irrigation localisée
  • Evapotranspiration potentielle (ETP) : consommation maximale d’un verger conditionnée par le climat. La valeur est estimée par calcul à partir des données climatologiques. Elle varie peu d’une année sur l’autre.
  • Evapotranspiration réelle (ETR) : utilisation pour un raisonnement théorique des besoins en eaux selon la formule ETR = Kc * ETP où Kc est un coefficient d’ajustement qui tient compte de la période de l’année;
  • Pluie efficace = approximation de la quantité d’eau qui a pénétré dans le sol (déduction faite du ruissellement) : les 10 premiers mm ne sont pas pris en compte, en cas d’orage la pluie efficace est au maximum égale à 30 mm. Le niveau de précipitation est très variable d’une année sur l’autre.
  • La consommation en eau d’un arbre est proportionnelle à sa surface foliaire, cet élément est à prendre en compte pour la gestion des apports en eau des jeunes vergers. Bien souvent les apports des 2-3 premières années sont excessifs ce qui peut entraîner de l’asphyxie racinaire et parfois un blocage de la végétation.

Conseils

  • La réduction des apports après chute physiologique et jusqu’à l’arrêt de croissance des rameaux permet de maitriser vigueur et calibre ;
  • Au printemps, déclencher l’irrigation dès que 2/3 de la réserve utile (RU) est « évapotranspirée » ;
  • Contrôler l’état hydrique du sol pour adapter vos apports d’irrigation ;
  • Contrôler le débit de votre installation, les chutes de pression peuvent diminuer fortement les quantités d’eau apportées au niveau de chaque ligne ;
  • Vérifier régulièrement le bon fonctionnement du réseau et l’entretenir en fin de saison lors de la mise hors gel.

Attention

  • Eviter les à-coups d’irrigation pour limiter les fentes oculaires. Si les pluies d’octobre sont très probables, il est inutile de faire un rationnement avant récolte.
  • L’excès d’eau se traduit par :
    – une faible coloration induite soit par l’excès de croissance (d’ombrage) soit par l’excès d’azote disponible à l’automne,
    – un faible potentiel de conservation due à une mauvaise absorption du calcium qui induit une perte de fermeté supérieure,
    – un risque de bitter pit supérieur,
    – un développement excessif des adventices,
    – une perte d’azote.
  • Entre 11 h et 18h : vent et températures sont à leur niveau le plus fort, il vaut mieux éviter les irrigations dans cette plage (hormis le goutte à goutte) ;
  • Si le débit d’apport d’eau d’irrigation est supérieur aux capacités d’infiltration du sol, on observe le phénomène de flaquage et de ruissellement dès que le sol est en pente ;
  • Si les doses d’irrigation sont supérieures au volume que le sol peut retenir, l’excédent est perdu par drainage profond, sous la zone racinaire, et ne pourra plus être utilisé par la culture.

Outils

  • L’utilisation d’outil de contrôle fait économiser entre 10 et 25% d’eau (Serra-Wittling et Molle, 2017) ;
  • Quel que soit l’outil de contrôle de l’humidité du sol, la représentativité de la valeur obtenue est dépendante de :
    – la zone où il est posé (type de sol, emplacement par rapport à la pluviométrie et au système racinaire),
    – la fréquence des relevés,
    – son bon état de fonctionnement et du soin apporté lors de la pose.
  • Le choix de l’emplacement de pose est un compromis entre la répartition de l’eau et le risque de dégradation par le passage d’engins notamment le matériel de désherbage mécanique ;
  • Les moyens d’enregistrement, de transmission et de mise en forme automatique augmentent les coûts de l’outil, mais économise du temps (et un véhicule) par rapport aux mesures. La connaissance de la cinétique d’évolution est plus performante que 2 ou 3 mesures hebdomadaires.

Tensiomètres

  • Appréhende la disponibilité en eau du sol en mesurant une tension :
    – tension faible = beaucoup d’eau dans le sol et tension forte = peu d’eau disponible, unité centibar (cb)
    – l’échange d’eau entre l’outil et le sol se fait à partir d’une bougie poreuse,
    – deux profondeurs sont nécessaires sur minimum 3 sites représentatifs (30-60 cm ou 60-90 cm selon l’âge du verger),
    – outil fixe, simple de pose et d’interprétation.

Sondes capacitives

  • Mesure de l’humidité du sol (en mm) par capteurs électromagnétiques placés à la profondeur souhaitée, tous les 10 cm ;
  • L’outil est fixe ou déplaçable ;
  • L’exploitation des données est plus complexe que celles des tensiomètres.
  • La mesure est quantitative : pourcentage d’eau dans le sol. Certaines marques proposent une transformation en mm, dans ce cas-là un paramétrage de la sonde est nécessaire. Quand la valeur monte, le stock d’eau augmente.

Focus

Irrigation localisée

  • L’irrigation localisée de type goutte à goutte ou microjet,
    -se traduit par une économie de 15 à 30% de volume d’eau liée à un apport au plus près des arbres
    – évite une évaporation trop forte et limite les pertes par ruissellement,
    – fonctionne avec un débit et une pression plus faibles qu’en aspersion = arrosage plus long mais plus de surfaces sont irriguées en même temps,
    – assure une bonne efficience de l’eau grâce à sa très bonne répartition (système peu ou pas sensible au vent) et à un meilleur ajustement aux besoins des plantes,
    – donne un accès total à la parcelle (l’inter-rang n’étant pas irrigué, le passage des engins est possible constamment),
    – s’automatise très facilement à partir d’un programmateur et d’un système d’électrovannes, permet de fertiliser tout en irrigant, moyennant un système d’injection d’éléments fertilisants dans le réseau,
    – peut condamner la pérennité de l’enherbement inter-rang,
    – présente un risque de bouchage variable selon le type de goutteurs ou de diffuseurs et la qualité de l’eau qui demande une surveillance régulière,
    – nécessite un système de filtration à sable ou tamis (contre lavage parfois très fréquent à automatiser lorsque la perte de pression est entre 0.3 à 0.5 bars),
    – demande une purge régulière des rampes et un entretien spécifique à l’acide en fin de saison lors de la mise hors gel,
    – s’adapte à toutes les formes de parcelles mais pas à la pente de plus de 3%.
  • Goutte à goutte semi enterré et enterré :
    – une très faible partie du sol est irriguée (bulbe), la répartition de l’eau se fait par gravité et succion,
    – des apports quotidiens sont à définir selon la nature du sol (éviter les pertes par infiltration ou saturation du bulbe),
    – les sols argileux ou à texture grossière n’assurent pas une bonne répartition de l’eau,
    – multiplication des points de gouttage et fréquence des apports sont nécessaires,
    – fréquemment deux rampes de goutteurs sont positionnées à 40 cm de part et d’autre du rang, Le maillage du réseau est indispensable (peigne en début et fin de rangs) pour limiter les conséquences d’un éventuel bouchage et mieux gérer la pression.
    – En goutte à goutte, les apports ne doivent se faire que pendant la période de transpiration (jour). La nuit, le drainage est plus important,
    – le contrôle doit être plus sévère : vérification visuelle du débit et par compteur.
  • Le microjet est un système de micro aspersion localisée sous frondaison :
    – les pluviométries horaires sont très faibles : 1,5 à 2 mm/h contre 4 à 5 mm/h en aspersion et présentent moins de risque de ruissellement. Attention cependant en sol battant où le fractionnement des apports peut toutefois s’avérer nécessaire,
    – vérifier la répartition de l’eau avant la mise en place des outils de contrôle ;
    – pendant l’irrigation l’humidité de l’air est augmentée.

Irrigation en pleine surface – (non recommandée)

  • Système le moins économe en eau, qui a pour effets :
    – formation possible de croute de battance (si gouttes de taille et vitesse élevées),
    – maintien de l’enherbement inter rang,
    – dose et fréquence facile à définir,
    – humidité du sol facile à contrôler.
    – intérêt pour la gestion des situations climatiques exceptionnelles (gel, fortes chaleurs, …)
  • Aspersion sur frondaison :
    – système le plus efficient pour lutter contre le gel de printemps,
    – hétérogénéité de répartition induite par le vent. Sur un asperseur, la perte globale par évaporation et dérive combinées, durant les différentes périodes d’une journée d’été dans le Sud de la France, peut atteindre ponctuellement 20%. Merchan et al (2015) évaluent cette perte à 13,5% à l’échelle d’une saison culturale.
    – la frondaison peut concentrer l’eau vers le collet,
    – la turbidité et/ou dureté de l’eau peuvent tacher les fruits,
    – le lessivage des pesticides induit une perte d’efficacité et une pollution des sols,
    – la présence d’eau liquide et d’humidité favorisent le développement des champignons parasites du pommier et augmente le coût de leur contrôle,
    – le lavage des feuilles est favorable à la photosynthèse et à la limitation des acariens,
    – l’humidité du sol peut entrainer un retard d’exécution dans les travaux ou une dégradation du sol. Prévoir 24 h de ressuyage avant un passage de tracteur,
    – accroissement des amplitudes thermiques profitable à la coloration dans certaines conditions,
    – Parfois nécessaire en situation de présence de sel.
  • Aspersion sous frondaison :
    – supprimer herbes et branches qui font obstacles au jet pour améliorer la répartition de l’eau,
  • Irrigation gravitaire
    – spécificité de certaines zones du Sud de la France qui n’ont pas d’autres possibilités : absence de réseaux sous pression, limitation des remontées de sel, eaux ferrugineuses incompatibles avec l’irrigation localisée
    – définir le débit en tête de raie et le temps d’irrigation pour ne pas avoir de zones de dessèchement trop importantes,
    – entretenir la colature pour limiter les excès d’eau,
    – le tour d’eau peut entrainer des stress hydriques très préjudiciables pour les pommes (calibre, qualité, sensibilité aux fentes oculaires, …),
    – la submersion limite le développement des campagnols.

Agriculture biologique

  • Favoriser l’exploration d’un volume maximal de sol en largeur et profondeur pour pallier l’absence de fertilisation « rapide », favoriser la résilience et lutter contre les fortes températures liées au changement climatiques ;
  • Eviter les systèmes d’irrigation non adapté :
    – l’aspersion sur frondaison, indispensable dans les zones gélives, humecte la totalité de la surface mais favorise les maladies fongiques
    – les asperseurs sous frondaison sont difficilement compatibles avec les outils d’entretien du sol.
    – l’irrigation enterrée est plutôt déconseillée par manque de recul, par absence de possibilités réalistes de récupération des tuyaux plastiques et pour le risque d’injection de substances plus ou moins acceptables afin de résoudre les problèmes de bouchage.
    – Le goutte à goutte doit pouvoir être complété ponctuellement, lors de longues périodes sèches, par une aspersion ou une irrigation gravitaire.
    – L’irrigation gravitaire par submersion sur toute la surface est à éviter, par contre sa modulation en pratiquant 1 rang sur 2 ou à la raie, est un bon compromis.
  • Privilégier les mini asperseurs ou mini diffuseurs suspendus
    – choix en fonction de la disponibilité en eau mais aussi du risque d’humectation du bas des arbres,
    – le rayon d’action permettra d’entretenir plus ou moins l’enherbement et la biodiversité botanique inter-rang.
  • Eviter les irrigations fréquentes qui favorise une humidification superficielle et donc un système racinaire fonctionnel uniquement à proximité de la surface. La pratique de doses plus fortes et moins fréquentes est préférable pour approfondir la partie active du système racinaire. Evidemment à moduler avec le risque de fentes oculaires.
  • Cas particulier : l’opportunité de faire pâturer des brebis peut se présenter, mais cela suppose une hauteur de premier fil adaptée et un système d’irrigation ne s’accrochant pas dans la toison des animaux (goutteurs en dérivation, microjets clipsés directement sur le tuyau, …).

Témoignages

Type d’irrigation
Pilotage

Santé du verger – prophylaxie

De quoi s’agit-il ?

Obtenir une pomme Pink Lady® nécessite de protéger la récolte contre un ensemble de parasites et ravageurs totalement inféodé au pommier et qui peuvent détériorer le fruit ou altérer son aspect. La meilleure des protections commence par la limitation de l’inoculum. La prophylaxie mise en place dans et autour du verger est surement la meilleure des solutions pour prévenir l’apparition de désordres sanitaires.

Caractéristique de la variété

  • Peu sensible à l’oïdium (Podosphoera leucotrica) ;
  • Peu sensible aux acariens (Panonicus ulmi) et moyennement au puceron cendré (Dysaphis plantaginea)
  • Sensible à la tavelure (Venturia inequalis), aux taches de suie (Gloeodes pomigena) et aux crottes de mouches (Leptothyrium pomi) ;
  • Sensible au feu bactérien (Erwinia amylovora) ;
  • Sa longue saison végétative prédispose le fruit aux dégâts de carpocapse (Cydia pomonella) et de mouche méditerranéenne (Ceratitis capitata) ;
  • Sensible aux gloeosporioses et au phytophthora.

Points clés

  • Observer régulièrement le verger, connaitre la biologie, les phases de développement et de vulnérabilité des parasites et ravageurs ;
  • Mettre en place des mesures prophylactiques pour réduire l’inoculum présent au verger ;
  • Utiliser la confusion sexuelle pour le contrôle des lépidoptères ;
  • Piéger massivement la mouche méditerranéenne dans sa zone de développement ;
  • Utiliser le piégeage pour suivre les dynamiques de population et les outils d’aide à la décision modélisant la cinétique de développement d’un parasite ou ravageur et fixant la période de lutte la plus efficace ;
  • Consulter bulletins et autres informations/avertissements communiqués régionalement ou plus localement par des opérateurs publics ou privés ;
  • Contrôler et régler les pulvérisateurs pour une application homogène de la dose voulue et limitant la dérive;
  • Gérer la vigueur
    – La porosité crée un microclimat moins humide et donc moins favorable au développement des champignons,
    – L’excès de croissance favorise l’appétence et l’attractivité de l’arbre aux pucerons,
  • Réserver l’aspersion sur frondaison pour la lutte contre le gel pour ne pas favoriser le développement des champignons.

Conseils

  • Enlever les fruits momifiés sur les arbres et supprimer à la taille les organes infectés. Dans l’idéal, les évacuer du verger et les brûler ;
  • Désinfecter régulièrement le matériel de taille (sécateurs, scies) ;
  • La pose de bande cartonnée sur le tronc permet de suivre le niveau de population diapausante de carpocapse ;
  • Broyer ou tondre l’enherbement pour limiter les contacts entre l’herbe potentiellement souillée et les fruits;
  • Bien répartir les fruits sur les branches. Les zones de contact sont favorables au carpocapse et au développement de pourritures ;
  • Pulvériser de l’urée (5kg/hl) au début de la chute des feuilles pour hâter leur dégradation et inhiber la formation des périthèces de la tavelure ;
  • Broyer finement les feuilles après leur chute, souffleur et/ou andaineur augmente l’efficacité. Intervenir à l’automne avant que le vent ait tout déplacé dans les haies ;
  • Evacuer les arbres morts et les bruler si possible ;
  • Laver les emballages de récolte, les désinfecter si présence de feu bactérien, les stocker à l’écart du verger ;
  • Éviter de laisser des fruits chutés ou non commercialisables dans les vergers après récolte, les broyer si possibilité ou les évacuer du verger si obligation ;
  • Passer régulièrement en verger pour détecter précocement le développement de parasites ou ravageurs.

Attention

  • Limiter le passage des rameaux dans les filets paragrêles, outre la dégradation du filet, le maintien des feuilles peut être une source de contamination par la tavelure ;
  • Éviter les dépôts de poussières sur les arbres qui favorisent le développement des acariens, en arrosant les chemins d’accès et/ou en roulant lentement, en utilisant le cas échéant, le système d’aspersion contre le gel pour laver le feuillage si nécessaire ;
  • Les vergers voisins abandonnés sont une source de contamination non négligeable, négocier la coupe des arbres avec le propriétaire ou prévoir une pose de confusion dans ce type de verger ;
  • Les sources de lumière nocturnes attirent le carpocapse, une vigilance accrue est requise en proximité urbaine ;
  • En station, la zone de stockage des palox peut être une zone d’inoculum.

Bon à savoir

  • Le cycle de développement des principaux ravageurs du pommier est modélisé. De nombreux sites publics ou privés proposent des logiciels/applications d’aide à la décision. Ils agissent en fonction du climat réalisé ou de la prévision météorologique vous proposent d’évaluer le risque et indiquent, le cas échéant, les meilleures périodes d’intervention.

Outils

  • Arrivées récentes et régulières de pièges connectés adaptés aux principaux ravageurs (lépidoptères et mouches, …). La reconnaissance et le comptage sont soit réalisés directement par l’opérateur visualisant une image soit avec l’assistance d’un algorithme qui propose un nombre de captures,
  • S’ils évitent de se déplacer pour faire les relevés, ces pièges doivent encore démontrer leur efficacité tant dans le niveau des captures que dans la fiabilité de la reconnaissance numérique.

Agriculture biologique

  • Les sensibilités multiples de la variété et la faiblesse des moyens de lutte directe disponibles rendent encore plus obligatoires les pratiques prophylactiques.
    – La réduction des durées d’humectation par une frondaison très aérée est indispensable. Cela va réduire le développement de la tavelure, des gloeosporioses, de la suie, des crottes de mouches, du puceron lanigère, voire du phytophthora et de la mouche méditerranéenne.
    – L’élimination ou tout au moins la réduction des pics de libération de nitrates est également indispensable. En effet une disponibilité excessive au printemps va favoriser les pucerons cendrés et lanigères, la tavelure par la sortie accélérée de nouvelles feuilles. De même, une disponibilité forte en été et en automne va favoriser le dépôt des oeufs de puceron cendré, et la tavelure secondaire. De plus la maturité et la coloration vont être retardés. Et de surcroît, une vigueur importante réduit l’aération de la frondaison.
    – Les fruits à moins de 70cm du sol seront éclaircis manuellement pour réduire le risque phytophthora.
    – Dans les secteurs à forte pression, les filets monorangs Alt’ carpo ou mouche sont incontournables, bien qu’ils soient défavorables à l’aération de la frondaison.
    – Les observations régulières à la parcelle sont incontournables pour voir apparaître « dans l’oeuf » les problèmes potentiels et ainsi adopter au plus tôt les pratiques nécessaires.
  • Privilégier les porte greffe rustiques, vigoureux et tolérants aux principaux parasites et ravageurs : feu bactérien, campagnol, puceron lanigère, …
  • Utiliser les filets, grillages ou bâches empêchent ou perturbent le contact entre le ravageur et l’arbre ;
    – Le système Alt’Carpo se traduit, sous filets paragrêles, par la fermeture complète de la parcelle suite au rajout de filet insect-proof sur les côtés, maille 2.2 mm × 5.4 mm. Prévoir une tournière suffisante et un système de porte pas trop contraignant ;
    – En l’absence de structure paragrêle, le filet Alt’Carpo peut également être placé en monorang autour des arbres. Il doit être déployé avant le début du vol. Attention cependant à la pénalisation de la coloration ;
    – Le « Alt » reste actif pour d’autres lépidoptères, mais aussi d’autres insectes (frelons) et pour les oiseaux. La barrière n’exclut pas le contrôle, les insectes pouvant la contourner (porte, trous, véhicule …).
  • Préférer les pulvérisateurs bas-volume pour limiter le tassement du sol.

Témoignages

Conduite du verger adulte

De quoi s’agit-il ?

La conduite du verger adulte passe par une taille de fructification dont les objectifs essentiels sont la gestion de la vigueur, la maitrise de la charge et l’obtention d’une coloration suffisante pour une valorisation des fruits de Cripps Pink cov et variétés dérivées sous la marque Pink Lady®. Le producteur sera aidé en cela par les caractéristiques agronomiques assez exceptionnelles de ce groupe variétal : rapidité de mise à fruit et production régulière en quantité et qualité.

Caractéristique de la variété

  • Vigueur forte (10 % de plus que Golden Delicious) ;
    – capacité à pousser malgré le vieillissement et la mise à fruit,
    – excès de vigueur induisant un manque de coloration, une mauvaise conservation, et un milieu plus favorable aux maladies et ravageurs,
    – présence de gourmands dégradant la qualité de la branche fruitière,
    – volume de végétation très fort sur verger adulte,
    – forte capacité à fleurir sur bois d’un an,
  • Type 3 à 4 de fructification selon description de Lespinasse : éloignement exagéré de la production du centre de l’arbre qui finit par gêner le passage des engins,
  • Bon potentiel de ramifications de l’arbre
  • Architecture de branche fruitière favorable à la fructification :
    – volume des bourses important,
    – fructification bourse sur bourse et présence de nombreuses brindilles couronnées,
    – bonne croissance apicale de la pousse de bourse,
    – extinction naturelle des supports de plus 3 ans,
  • Mise à fruit rapide et régulière.

Points clés

  • Favoriser la pénétration de la lumière pour une bonne différentiation des bourgeons et pour améliorer la coloration ;
  • Maîtriser la charge et la qualité de la fructification ;
  • Gérer la vigueur ;
  • Arracher précocement (mai) ou casser en vert les futurs gourmands.

Conseils

  • Eviter les tailles trop fortes qui stimulent la vigueur et déséquilibrent l’arbre ;
  • Par la taille d’hiver, privilégier les organes de fructification équilibrés et bien positionnés :
    – supprimer les branches trop puissantes, trop basses, en surnombre, ou qui gênent le passage
    – éviter les superpositions pour ne laisser qu’un plan de production
  • Pour une bonne maitrise des branches fruitières lors de la taille d’hiver :
    – supprimer les brindilles grêles, les rameaux trop proches les uns des autres et les coursonnes trop faibles,
    – supprimer les points de fructification sous la branche et à l’intersection des ramifications (commissures),
    – supprimer les rameaux érigés (futurs gourmands),
  • Préparer la taille d’hiver lors de de la dernière passe de récolte pour repérer les branches portant des pommes non colorées.
  • La taille reste le premier éclaircissage ;
  • La variété étant fertile, la plupart des bougeons sont florifères. Il ne faut donc pas se fier à une architecture visuellement trompeuse. Un comptage des bourgeons est nécessaire pour adapter la taille, laisser une marge de sécurité de 10% supplémentaire.

Attention

  • Dans certaines situations, des déséquilibres se créent et il convient de gérer un excès de vigueur ;
  • L’excès de vigueur se traduit par :
    – augmentation rapide du diamètre des branches qui seront difficiles à contrôler,
    – allongement horizontal des branches qui gêneront le passage des tracteurs,
    – rameaux qui ne basculent pas naturellement sous le poids des fruits et qui demandent une arcure manuelle,
    – vieillissement prématuré de la branche fruitière au profit des gourmands,
    – temps de travaux supérieurs : taille été + hiver, positionnement rameaux, récolte, effeuillage, parfois nécessaire pour favoriser la coloration.

Focus

  • Le contrôle de l’excès de vigueur passe par :
    – la systématisation des interventions en vert pour limiter le développement des gourmands,
    – la révision de fertilisation en modifiant le calendrier d’apport azote et/ou la dose,
    – la taille retardée après floraison et la sélection des coursonnes par taille ou extinction,
    – la taille des racines (en dernier recours) avant fin janvier à une profondeur de 30 à 40 cm sur un seul côté. Passage du coutre à 40-50 cm du tronc. Prévoir un accompagnement technique : réduction du nombre de branches fruitières et alimentation hydrominérale précoce et régulière.
    – l’utilisation de régulateur de croissance (prohexadione calcium) dont périodes, conditions et doses d’application seront à raisonner avec le conseiller technique de l’exploitation.

Bon à savoir

  • La taille « klik » est proposée sur des vergers à haute densité à simple ou double axe. Elle se rapproche de la taille trigemme longtemps utilisée sur poirier et repose sur le raccourcissement de rameaux, coursonnes et surtout du bois d’un an dans l’objectif d’apparition de lambourdes ou de brindilles. C’est une taille de simplification et d’entretien, mais qui est gourmande en main d’oeuvre. Elle rapproche la fructification de l’axe et assure un bon ensoleillement, mais peut favoriser les coups de soleil. Sur arbre très vigoureux, cette taille fait apparaitre uniquement des rameaux et réduit le nombre d’organes fructifères. Il faut alors augmenter le nombre d’yeux laissés pour rebasculer à fruit.

Agriculture biologique

Dans l’objectif de réduire la sensibilité aux bioagresseurs (aération, sève moins « azotée », …), d’obtenir une maturité et une coloration plus précoce, le niveau de vigueur et de production sera inférieur aux standards conventionnels. La vigueur sera régulée par la fertilisation, la pratique éventuelle de l’enherbement total, par la taille en vert.

Témoignage

Nutrition

De quoi s’agit-il ?

La qualité d’un fruit dépend de sa composition et donc de la nutrition par l’arbre. Celle-ci est dépendante des conditions de croissance et de développement de la plante. La fertilisation interagit avec la fourniture minérale du sol, l’alimentation hydrique, le climat et les autres pratiques de l’arboriculteur. Cripps Pink cov et variétés dérivées n’ont pas fait l’objet d’un travail spécifique. Les bonnes pratiques agricoles pour les choix de doses, les équilibres entre éléments minéraux et notamment le fractionnement de la fertilisation azotée restent de mise. La nutrition commence dès la préparation de la plantation par un enrichissement en matière organique du sol.

Caractéristiques de la variété

  • Long cycle de végétation (floraison des plus précoces et défeuillaison des plus tardives) ;
  • Effet négatif d’un excès d’azote sur la coloration ;
  • Sensibilité aux chocs et meurtrissures ;
  • Propension à un calibre supérieur à la demande actuelle du marché ;
  • Tendance parfois à une chute précoce des feuilles (origine génétique liée au parent Golden Delicious).

Points clés

  • Enrichir le sol en matière organique avant plantation et si possibilité poursuivre, durant la vie du verger en incorporant la matière organique par les outils de désherbage mécanique sur le rang ;
  • Restituer au sol ce qui est prélevé par la culture (fruits, bois, feuilles) en tenant compte des pertes (lessivages, dénitrification et volatilisation), blocage, consommation enherbement ;
  • Gérer l’azote pour limiter la vigueur et favoriser la coloration de l’épiderme ;
  • Apporter l’azote sous forme facilement disponible au moment où l’arbre en a besoin et quand il est en état de l’utiliser ;
  • Epandre l’engrais granulés en le localisant sur le rang ;
  • Favoriser et maintenir un sol bien aéré (croissance racinaire, circulation de l’eau, absence d’asphyxie) ;
  • Aménager les abords pour limiter les pertes par ruissellement ;
  • Connaitre la teneur en éléments minéraux du sol et renouveler tous les cinq ans une analyse de sol : rééquilibrage, diagnostic de carences ou d’antagonismes. A minima : CEC, pH, calcium, magnésium, potassium, phosphore et matière organique ;
  • Apporter du phosphore pour limiter la sensibilité aux meurtrissures ;
  • Apporter du calcium sur vergers jeunes et dans les situations poussantes (excès de vigueur, faible charge …) ;
  • Les fruits avec une forte teneur en calcium sont moins sujets au brunissement interne, bien que le calcium ne soit pas le seul élément en jeu (De Castro et al., 2007) ;
  • Réaliser annuellement des analyses de feuilles, de rameaux ou de fruits, en respectant le protocole de prélèvement pour comparer efficacement les résultats et pour réaliser les ajustements nécessaires à votre programme de fertilisation. Lors des renouvellements d’analyse, conserver le même laboratoire.

Conseils

  • Les engrais solubles apportés dans l’eau d’irrigation assurent un fractionnement à souhait et un apport direct au niveau du système racinaire ;
  • Sur sol à pH basique utiliser des engrais acidifiants ;
  • Apporter la bonne dose, au bon moment et au bon endroit avec le bon fertilisant :
    – assurer une couverture des besoins dans le temps = répartition selon un calendrier,
    – penser à couvrir les besoins nécessaires à l’installation de l’enherbement,
    – compenser à minima les pertes par exportations de fruits (0.6 kg d’azote par tonne de fruits),
    – apporter les éléments à l’arbre avec un épandeur localisant, gérer l’enherbement séparément,
    – plus on fractionne, mieux c’est.

Azote

  • C’est un facteur essentiel de la croissance et du développement de l’arbre et du fruit. Sa disponibilité a un effet direct sur :
    – la vitesse de croissance des pousses et la durée de croissance de la végétation,
    – le nombre et la vigueur des ramifications,
    – le grossissement des bourgeons floraux et l’aptitude des fleurs à la fécondation et à la nouaison,
    – la multiplication des cellules du jeune fruit et la croissance de la pulpe.
  • La reconstitution du stock d’azote de l’arbre se réalise en permanence, mais l’accumulation sous forme de réserve s’accentue dès que la croissance des pousses ralentit. L’azote sera remobilisé en fin d’hiver et au débourrement.
  • Ne pas amener plus de 30 unités d’azote par apport d’engrais granulés, 5 dates d’application constituent déjà un bon calendrier. En goutte à goutte, amener de l’ordre de 5 unités par hectare et par date d’apport sur une base bi mensuelle de début mai à fin juin.
  • Adapter les apports à la dynamique de pousse. En conditions méditerranéennes, les arbres peuvent stopper leur croissance dès le 15 juin et assurément au 1er juillet. Des températures maximales supérieures à 30°C entraine une vie ralentie du pommier.
  • Évolution graduelle des quantités d’azote nécessaires au développement de l’arbre (kg/ha)
    – Convertir la dose d’azote par hectare en fonction de la composition des engrais utilisés
  • La répartition dans le cycle annuel est également importante, car elle détermine son efficacité.
  • Dans le cas de Cripps Pink cov et variétés dérivées, les apports au-delà de juillet sont à proscrire dans tous les vergers en zone à forte minéralisation où la coloration est difficile. Dans ce cas, un apport à la floraison sous forme nitrique viendra compenser le manque de mise en réserve. Le calendrier s’étalera alors seulement de la floraison à mi-juillet.
  • Si la coloration ne pose pas de problème, utiliser la base de fractionnement classique (20 – 60 – 20%) :
    – les besoins pour la floraison sont faibles et habituellement couverts par les réserves (apport 20%),
    – ils augmentent ensuite régulièrement avec le développement des pousses et des fruits (apport 60%),
    – en fin de saison des besoins de mise en réserve doivent être satisfaits (apport 20% mi-septembre),
  • Les engrais à libération différée, (organiques, de synthèse organique, retards ou contenants des inhibiteurs de nitrification) limitent le nombre d’apports, mais ne permettent pas de maitriser la date de mise à disposition de l’azote qui va dépendre des conditions de températures et d’humidité du sol ;
  • Il est préférable d’enfouir légèrement les engrais uréiques ou ammoniacaux pour éviter les pertes par volatilisation. En cas d’impossibilité, viser une pluie modérée ou déclencher une irrigation juste après épandage pour mettre l’azote à disposition des racines ;
  • Sur sols détrempés, l’apport d’engrais est inutile : perte par dénitrification, voire lixiviation ;
  • De grosses quantités d’azote au début de saison sont défavorables à l’assimilation du calcium ;
  • La pollution à l’azote concerne l’air et l’eau. Par dénitrification, des vapeurs de protoxyde d’azote et d’oxydes d’azote peuvent être dégagées en sol asphyxiant. L’azote ammoniacal peut être perdu dans l’atmosphère par volatilisation, surtout si le pH est élevé, la température chaude et l’humidité insuffisante;
  • Le nitrate n’est pas retenu dans le sol. Il est entrainé en profondeur s’il n’est pas absorbé par les racines. Il est également facilement entrainé par ruissellement et participe à l’eutrophisation des cours d’eau.

Phosphore

  • Le phosphore est environ 10 fois moins présent dans l’arbre que l’azote et le potassium ;
  • Il est très fortement fixé par le sol et se déplace peu. Il pollue donc peu en profondeur, mais peut altérer les eaux de surface par ruissellement ou érosion en concourant également à leur eutrophisation ;
  • Le phosphore agit dans beaucoup d’activités biochimiques : respiration, métabolisme glucidique, synthèse des protéines, …
  • Il joue un rôle primordial dans le transfert d’énergie (croissance notamment racinaire, précocité de développement, qualité des fruits) ;
  • Il intervient dans le maintien de la fermeté des fruits par sa présence dans la membrane cellulaire ;
  • Sa disponibilité accroit l’absorption du calcium, un excès entraine une mauvaise utilisation du zinc ;
  • Le phosphore est adsorbé, fixé et retrogradé par le sol, dont le pouvoir fixateur est lié au taux de matière organique, au taux d’argile, au taux de calcaire et au pH. Dans les sols à fort pouvoir fixateur, fractionner les apports ;
  • Les besoins annuels sont de 20 à 40 kg/ha d’anhydride phosphorique ;
  • Un apport de phosphore en pulvérisation foliaire permet de réduire la sensibilité aux mâchures :
    – commencer les apports à la chute des pétales,
    – prévoir 2 à 3 applications réalisées à 15 jours d’intervalle (adaptation du programme selon la spécialité commerciale).

Potassium

  • Le potassium est également un élément important. Il participe à la synthèse des sucres et des protéines, maintient la turgescence des tissus et augmente la résistance à la déshydratation ;
  • Le potassium favorise la photosynthèse et l’accumulation des acides organiques dans le fruit, il diminue la transpiration ;
  • La cinétique d’absorption du potassium est proche de celle de l’azote. La fourniture du potassium est importante pendant la phase de grossissement du fruit et c’est à cette période qu’elle doit être concentrée;
  • Le potassium peut être perdu par lessivage et rétrogradation. Des antagonismes à l’absorption apparaissent dès que le rapport K2O/MgO excède 3 ;
  • Les risques de perte par lixiviation n’existent que pour des sols pauvres en argile et en matières organiques et en cas de climat très pluvieux ;
  • Les excès de potassium peuvent entrainer des carences en magnésium ;
  • Le ratio potassium sur azote (K/N) doit être entre 1 et 1.25, il passe de 1,2 à 1,5 si on considère le ratio K2O/N. Les besoins d’un verger adulte en potassium sont de 100 à 150 kg. En sol argileux, on observe des compétitions sol/arbre et il faut majorer les apports pour compenser la partie fixée par le sol.

Agriculture biologique

Les apports vont avant tout avoir pour objectif d’assurer un bon fonctionnement de l’activité biologique, notamment par l’apport de matière organique adaptées au sol. Les apports d’éléments minéraux, d’origines organiques ou de roches, vont compenser les exportations, en prenant en compte la richesse naturelle ou héritée du sol. Tous les engrais de synthèse sont rappelons le, interdits. Pour piloter correctement la nutrition de son sol, il est important de se baser sur une analyse de sol complète indiquant le niveau d’activité biologique de celui-ci.
Pour l’azote, les apports, quelques petites dizaines d’unités, vont plutôt être des catalyseurs pour faire démarrer l’activité biologique au printemps, notamment dans les sols froids, ensuite la minéralisation de la matière organique et la présence de légumineuses associées sont largement suffisantes pour le pommier. Par contre une faible disponibilité en nitrates est obligatoire en automne (maturité, coloration, puceron, …), d’où l’importance de l’adéquation de la date et de la nature de l’apport de printemps. L’absence d’apport azoté peut tout à fait être pratiquée lorsque l’équilibre mise à fruit / vigueur le justifie.
Pour le phosphore, dans 99 % des sols cultivés les stocks sont suffisants pour plusieurs générations !
Les mycorhizes sont les plus performantes pour puiser cet élément (et d’autres …). Une étude du Fibl (Suisse) a montré une teneur en P supérieure dans les pommes bio, malgré des apports plus faibles sous des formes beaucoup moins solubles. Les apports importants de P solubles et le travail du sol intensif sont très défavorables à ces champignons symbiotiques.
Quant au potassium, il s’agit de l’élément le plus massivement mobilisé par la production de fruits (2Kg/T). Cependant une disponibilité excessive de cet élément peut provoquer des carences en magnésium et(ou) en calcium (bitter-pit, problèmes de conservation). Les sources d’apport relativement concentrées en K sont pratiquement incontournables en arboriculture bio; ce sont le patentkali et les vinasses. Le choix entre ces 2 sources prendra en compte l’équilibre K/Mg souhaité en fonction du sol. Le patentkali est bien dosé en Mg, les vinasses sont riches en soufre. Quelques fabricants proposent des engrais organiques en bouchons fortement enrichis en K.
L’épandage des fertilisants doit prendre en compte la problématique du tassement des sols, notamment lorsque cette opération est effectuée par un prestataire avec des engins relativement lourds.

Témoignages

Enrichissement du sol par apport de matière organique.