Conception du verger

De quoi s’agit-il ?

La conception du verger est un préalable indispensable à la plantation d’un verger de Cripps Pink cov et variétés dérivées. La durabilité et la rentabilité d’une parcelle dépendent des choix initiaux qui seront faits. Il n’existe pas de conception universelle car la philosophie du verger doit tenir compte de nombreux facteurs dont le sol, le climat mais aussi la disponibilité en main d’oeuvre et le matériel disponible ou à acquérir. Il faut également intégrer la présence de riverains ou de lieux sensibles (écoles, parcs, terrains de sport …). Il n’y a pas de facteur prioritaire mais dès que le choix initial stratégique est fait les suivants doivent entrer en cohérence et venir participer harmonieusement à la construction du projet.

Caractéristiques

  • Floraison très précoce sur vieux bois et décalée de 10 à 15 jours pour le bois d’un an ;
  • Dates moyennes de début et pleine floraison puis de début chute des pétales dans le Sud-Est de la France
  • Morphologie florale favorable au butinage sur le dessus par l’abeille domestique = visite quasi systématiquement pollinisante ;
  • Allèles-S : S2S23 ;
  • Récolte tardive, au plus tôt mi-octobre ;
  • Long cycle végétatif ;
  • Pomme bicolore pour laquelle la prise de coloration est parfois difficile ;
  • Arbre vigoureux ;
  • Sensible au feu bactérien et à la tavelure.

Points clés

  • Éviter les parcelles gélives, prévoir une lutte contre le gel de printemps, se protéger contre le vent et la grêle ;
  • Dans la mesure du possible, installer un système de ferti-irrigation pour accompagner idéalement pendant les premières années de la vie du verger le développement de la végétation ;
  • Eviter les parcelles en excès d’eau à l’automne, faire des travaux de drainage ou planter sur butte ;
  • Planter prioritairement dans l’axe Nord-Sud ;
  • Gérer la vigueur par :
    – le choix du porte-greffe,
    – les distances de plantation. La densité est un paramètre fondamental de la rapidité d’entrée en production,
    – la hauteur du point de greffe,
    – le type de matériel végétal (simple axe, double axe, nombre d’anticipés, …),. Avec le retrait progressif du désherbage chimique, le système bi-axe permet le maintien d’un nombre d’axes ha élevé tout en disposant d’une distance inter arbres plus adaptée au désherbage mécanique.
  • Anticiper la préparation du verger à minima l’été/automne précédent la plantation ;
  • En cas de sol fatigué, un enrichissement en matière organique par enfouissement sur la bande de plantation favorisera la croissance du verger ;
  • Adapter le dispositif de pollinisation :
    – à votre climat. Plus il est fait chaud au printemps, moins de ruches sont nécessaires,
    – à l’environnement immédiat de la parcelle : Plus il est riche en pollen, plus le nombre d’arbres de la variété pollinisatrice peut être réduit,

Conseils

  • Préférer, lorsque c’est possible, les filets paragrêles clairs de type cristal ou gris ;
  • Envisager de fermer le verger avec des filets pour simplifier la lutte contre les ravageurs volants, entre autres : carpocapse, tordeuses, cératite et punaise diabolique ;
  • L’irrigation est indispensable pour accompagner la croissance du fruit toute la saison :
    – choisir le matériel d’irrigation en fonction des contraintes d’eau : disponibilité, turbidité, …, et prévoir un système de pilotage et de contrôle,
    – utiliser un système adapté en cas d’utilisation actuelle ou à venir de désherbage mécanique,
    – préférer un système de micro-aspersion pour limiter la pression fongique, réduire la consommation en eau et améliorer le taux d’humidité de l’air.
    – utiliser l’aspersion sur frondaison uniquement pour la lutte contre le gel de printemps,
  • Dans la mesure du possible privilégier un système de fertirrigation ;
  • Prévoir des analyses de sols, pour corriger d’éventuelles carences ;
  • Aménager l’environnement du verger pour favoriser la biodiversité et le contrôle naturel des ravageurs ;
  • Privilégier les haies composites plutôt que monospécifiques (type cyprès, peuplier) ;
  • La présence de haies arbustives ou l’utilisation de systèmes anti-dérives agréés (buse, type de pulvérisateur) réduit la zone non traitée (ZNT) ;
  • Etudier la disposition de la parcelle pour faciliter les accès et les manœuvres, stocker et charger les palox,

Dispositif de pollinisation

  • Cripps Pink cov et variétés dérivées sont fertiles : 5% de pollinisateurs peuvent s’avérer suffisant. L’environnement immédiat du verger, notamment en variétés à floraison précoce, peut amener à limiter ce chiffre ;
  • Certains producteurs ont décidé de ne pas mettre de pollinisateurs spécifiques dans leur parcelle. Il convient dans ce cas de réduire la sévérité du programme d’éclaircissage ;
  • Granny Smith, largement utilisée, est semi-compatible (Allèle-S : S3S23), elle peut également fleurir trop tard notamment les années à hivers doux ; Perpetu® Evereste cov est parfaitement synchrone mais l’arbre peut alterner s’il n’est pas taillé après floraison. Il peut également s’étioler en cas de greffage sur porte greffe de type M9 ;
  • Les fleurs de Cripps Pink cov et variétés dérivées sont butinées essentiellement sur le dessus par l’abeille domestique ce qui rend chaque visite potentiellement pollinisante. Le nombre de ruches peut être réduit à 2/ha ;
  • Se référer au fiches Bee Pink.

Attention

  • La proximité des zones urbaines éclairées la nuit prédispose la parcelle au carpocapse ;
  • La proximité de friches ou zones boisées bien que favorable à la biodiversié peut se traduire par des dégâts de gibier, une colonisation récurrente par les campagnols et une forte présence de punaise diabolique ;
  • Avertir le voisinage lors de la mise en place de tour à vent ou de canon contre la grêle ;
  • Limiter la présence d’espèces végétales favorisant le feu bactérien (pyracantha, aubépine, etc.)

Bon à savoir

  • Un nouveau porte greffe, Geneva® G11, confère une vigueur légèrement supérieure à celle du type M9 et un niveau de production supérieur tout en maintenant le calibre et la coloration des fruits. Les principaux intérêts de Geneva® G11 sont sa tolérance au puceron lanigère, au phytophtora, au gel et à la fatigue du sol. Il est moyennement tolérant au feu bactérien. Ce porte greffe est particulièrement recommandé en situation de replantation. Sa difficulté de multiplication limite une large utilisation par manque de matériel disponible mais cette situation est amenée à évoluer
  • Les scions préformés avec 2 axes, utilisés dans les nouveaux vergers, limitent le nombre d’arbres mais maintiennent voire amplifient le nombre d’axes par hectare. Cette démultiplication de la vigueur induit des rameaux fruitiers moins forts avec des angles d’insertion plus ouverts ce qui réduit ou annule le temps d’arcure manuelle. Ces productions courtes sont renouvelées par la taille ce qui évite l’éloignement de la zone de production par rapport au tronc (vergers en 2 dimensions).

Focus : les filets de protection contre les insectes

  • Le principe des filets, grillages ou bâches empêchent ou perturbent le contact entre le ravageur et l’arbre ;
  • Le système Alt’Carpo se traduit, sous filets paragrêles, par la fermeture complète de la parcelle suite au rajout de filets insect-proof sur les côtés (maille 2.2 mm × 5.4 mm).
    – Prévoir une tournière suffisante et un système de porte pas trop contraignant ;
    – Le « Alt » est actif pour d’autres lépidoptères et insectes (ex : frelons). La barrière n’est pas efficace à 100%, les insectes pouvant la contourner (porte, trous, véhicule …).
    – Le « Alt Carpo » peut limiter la présence d’auxiliaires type Aphelinus mali. Prévoir une surveillance spécifique du puceron lanigère,
  • En l’absence de structure paragrêle, le filet Alt’Carpo peut également être placé en monorang autour des arbres. Il doit être déployé avant le début du vol. Attention cependant à la pénalisation de la coloration induite par les feuilles qui créent de l’ombrage en se plaquant au filet. La prise au vent du filet se traduit par des fruits boisés au contact du filet. De petits oiseaux, protégés des prédateurs peuvent parfois occasionner des dégâts sur fruits ;
  • Un grillage autour de la parcelle, de maille et hauteur adaptée peut limiter les dégâts de gibier ou de rongeurs. Dans le cas du campagnol, limiter l’enherbement au pied du grillage et l’accompagner de pièges avec système anti-retour ;

Outils

  • La qualité du sol d’une parcelle peut être hétérogène. Cela peut se traduire par des comportements irréguliers des arbres et un rendement global diminué. Une bonne connaissance de la variabilité intraparcellaire du sol peut se traduire par des adaptations de distances de plantation ou de choix de porte greffe de façon à homogénéiser le comportement des arbres.
  • Il est possible de cartographier les sols en analysant la propagation d’un champ électromagnétique. Cette propagation varie en fonction de plusieurs critères tels que la texture, la structure, la porosité, la profondeur, la matière organique, …
  • Il est donc possible d’établir précisément sur une carte et pour plusieurs horizons, les différentes zones présentes sur une parcelle. Une analyse de sol et/ou un profil cultural permettra ensuite de définir les caractéristiques des différentes zones répertoriées et ensuite d’envisager les adaptations culturales nécessaires.

Agriculture biologique

En Agriculture Biologique, la conception du verger comporte des spécificités liées au nombre réduit de moyens curatifs pour maîtriser les bioagresseurs.

  • En amont de la plantation, l’utilisation d’engrais verts cherchera à établir un sol vivant (cf. Préparation du sol avant plantation) ;
  • Le choix d’un porte-greffe plus rustique que les différents types de M9 (sensibilités fortes au feu bactérien, puceron lanigère, campagnols) est vivement conseillé pour la conception du verger conduit en Agriculture Biologique. En 2019, en attendant une plus grande disponibilité du Geneva® G11, et la confirmation à grande échelle de ses qualités, le seul candidat utilisable immédiatement est le M7 avec une réduction forte des densités à prévoir ;
  • Pour favoriser l’utilisation de la biodiversité fonctionnelle en permettant l’implantation de bandes fleuries, les rangs de pommier seront espacés de 50 cm supplémentaire (cf. Préparation du sol avant plantation).
  • La variété étant sensible aux pucerons cendrés, lanigères, à la tavelure et aux gloeosporioses, l’aération de la canopée doit être une priorité, afin de réduire les durées d’humectation, favoriser la luminosité, et augmenter l’efficacité des interventions phytosanitaires. Cette aération doit se visualiser par une végétation « claire », contradictoire avec le concept de mur étroit, dense et continu ;
  • Cripps Pink cov et variétés dérivées s’éclaircissent bien et présentent un bon retour à fleur ;
  • Un point à ne pas négliger est l’utilisation obligatoire d’outils mécaniques pour entretenir le sol au pied des arbres. Dans ce contexte il est important, pour faciliter le travail, réduire les blessures, et garder un choix large d’outils, que le tronc soit maintenu le plus vertical et le plus rectiligne possible. En effet les systèmes d’effacement ont beaucoup de difficultés à être performants lorsque les troncs sont inclinés et/ou les bourrelets de greffe volumineux. Les arbres en bi-axes, par la réduction du nombre d’arbres par hectare, facilitent également le passage d’outils ;
    – Veiller à être le moins dépressif possible sur les racines pour éviter du stress sur jeunes arbres,
  • Dans les zones à pression carpocapse ou mouche méditerranéenne, la pose de filets Alt’carpo ou Alt’mouches sera incontournable. En zone de forte pression carpocapse, une pose mono-rang du filet est recommandée ;

Vergers haute densité

De quoi s’agit-il ?

Les défis des arboriculteurs sont multiples : réduction des coûts de production, accroissement du rendement commercial, maintien de la qualité du fruit, recrutement d’une main d’oeuvre suffisante et qualifiée. Les nouveaux vergers doivent donc exploiter au maximum le potentiel des parcelles et sécuriser la récolte contre les aléas climatiques ou les ravageurs. Ils doivent également faciliter la mécanisation des opérations culturales.

Caractéristiques de la variété

  • Arbre vigoureux ;
  • Pomme bicolore pour laquelle la prise de coloration est parfois difficile ;
  • Les rameaux trapus érigés à demi-érigés et les branches fruitières qui s’éloignent de l’axe, observés en vergers standards, seront contrôlés par la taille.
  • Caractéristique de la variété
Rosy Glow
Rosy-Glow-sur-arbre-en-2ieme-feuille

Points clés

  • Augmentation du nombre d’arbres (scions classiques) ou du nombre d’axes (bi-axes, Bi-baum®, …) à l’hectare par réduction des distances de plantation afin de garnir plus rapidement la haie fruitière et établir une canopée plus étroite. Le faible volume des arbres améliorera la qualité de pulvérisation et facilitera le déploiement de divers outils soit pour une action directe (éclaircissage mécanique, effeuillage avant récolte, passage des plate-forme, …) ou pour des mesures (prévision de récolte). Le faible volume de la frondaison facilite également les interventions manuelles (taille, éclaircissage et récolte) ;
  • La densité doit être suffisamment forte pour ne pas induire d’espaces improductifs lors du renouvellement des branches fruitières (3 à 3.8 × 0.8 à 1.1 m). A adapter selon la région, les conditions de pousses et le type de conduite (Axe vertical, Aximum©, Bolduc, …).
  • Prévoir une hauteur supérieure des arbres : 3.5 à 4 m, le matériel d’assistance nécessaire ainsi que le palissage correspondant ;
  • La haie doit rester étroite 0.60 à 0.80 cm par face pour faciliter l’accès aux fruits et le passage des engins;
  • Simplification de la conduite, la branche fruitière est supprimée au profit de rameaux fruitiers directement insérés sur l’axe ;
  • Utilisation du porte greffe Geneva® G11 qui confère un développement des branches fruitières légèrement supérieur à celle du M9, un niveau de production supérieur tout en maintenant le calibre et la coloration. Il est tolérant à la problématique de fatigue de sol ;
  • Favoriser la croissance les 3 premières années du verger notamment en supprimant les pousses concurrentes à l’axe par des pincements très précoces ;
  • Simplifier la conduite notamment en réduisant/supprimant les arcures manuelles des branches fruitières fortes, remplacer les liens ou poids par une vrille/torsion des pousses au mois de juin.

Conseils

  • Supprimer totalement et renouveler régulièrement les branches fruitières devenues trop fortes au fil des années. Ce renouvellement favorise la présence d’organes fructifères sur le bois de deux ans, réduit ou supprime les zones de dégarnissement, contre balance l’acrotonie de la branche fruitière de Cripps Pink cov et variétés dérivées ;
  • Cette pratique est à réaliser chaque année dès l’installation du verger pour le maintien d’une faible épaisseur de la haie fruitière (suppression de 2 à 3 branches par an) ;
  • Les branches fruitières à éliminer sont supprimées lors des interventions de taille hivernale en réalisant une coupe en sifflet (ou en chicot). Plus la longueur du support de renouvellement est grande et plus la probabilité de repercement est élevée. Généralement dans les parties basales et médianes et sur branches faibles, le positionnement se fait naturellement sous le poids des fruits et ne nécessite aucune intervention (pliage ou arcure). Le développement de pousses sur chicot nécessitera un contrôle par la taille des répercements surnuméraires.
  • Dans le haut de l’arbre, les rameaux de l’année trop vigoureux sont raccourcis mais en période de végétation et toujours en laissant un chicot. Les arcures manuelles sont supprimées ou réduites à un caractère exceptionnel ;
  • Les tailles d’été et d’hiver sont ainsi standardisées, faciles à expliquer et simples à réaliser.
  • Lorsque l’arbre atteint la hauteur souhaitée (3e, 4e pousse), le rabattre juste au-dessus d’une branche fruitière avec un angle ouvert. Réaliser ces interventions au mois de juin (taille affaiblissante).

Attention

  • La volonté d’accroitre la hauteur des arbres ne doit pas faire perdre de vue que si la hauteur des arbres est supérieure à la largeur du rang les phénomènes d’ombres portées se manifestent : chute physiologique supérieure dans le bas, coloration inférieure, moindre repercement et plus faible qualité de bourgeons floraux, … Il convient d’en tenir compte dans les pratiques notamment en localisant dans le haut de l’arbre tout ou partie du programme d’éclaircissage.
  • Plus les arbres sont hauts et les vergers étroits plus la haie fruitière doit être poreuse pour limiter les inconvénients cités de l’ombre portée.
  • Les investissements des vergers étroits, désormais plus hauts (3,5 à 3,8 m) exigent des plants préformés en pépinière et un palissage adapté plus conséquent.
  • La protection contre les aléas climatiques (grêle, gel) reste également indispensable.
  • Les vergers hauts nécessitent l’utilisation de matériel d’assistance pour respecter la législation et éviter les accidents du travail.

Focus

  • L’offre en scions s’est diversifiée avec l’arrivée sur le marché depuis quelques années de scions à deux axes ;
  • Le principal intérêt est de diviser la vigueur pour simplifier la gestion des rameaux, de garnir plus rapidement la haie, d’accroitre rapidement les mètres linéaires de rameaux fruitiers pour améliorer la mise à fruit et la production des arbres ;
  • La technique d’obtention est variée : rabattage tôt en saison, double greffage à la même hauteur (Bibaum®);
  • Les deux axes peuvent être obtenus lors du surgreffage ;
  • A la plantation, les axes sont disposés dans le sens du rang et palissés de façon à être le plus vertical possible. Veiller à l’équilibre de vigueur entre les deux bras des axes, intervenir si nécessaire par l’inclinaison plus forte des axes trop vigoureux pour rééquilibrer la pousse.
  • La porosité de la haie est favorable à la coloration.

Outils

Champs obligatoires*

Bon à savoir

  • La taille « klik » est proposée sur des vergers à haute densité à simple ou double axe. Elle se rapproche de la taille trigemme longtemps utilisée sur poirier et repose sur le raccourcissement de rameaux, coursonnes et surtout du bois d’un an dans l’objectif d’apparition de lambourdes ou de brindilles. C’est une taille de simplification et d’entretien, mais qui est gourmande en main d’oeuvre. Elle rapproche la fructification de l’axe et assure un bon ensoleillement, mais peut favoriser les coups de soleil. Sur arbre très vigoureux, cette taille fait apparaitre uniquement des rameaux et réduit le nombre d’organes fructifères. Il faut alors augmenter le nombre d’yeux laissés pour rebasculer à fruit. (schéma / Photo).
  • La conduite dite « Guyot » est en cours de mise au point en nouvelle Zélande :
    – Utilisation de deux bras issus de Bi-Baum ou bi-axes mais plantés dans le sens du rang,
    – Arcure des 2 axes à l’horizontale après plantation et palissage,
    – Développement d’axes sur ces supports,
    – Utilisation d’une taille courte sur les axes soit type trigemme (en hiver) soit Lorette (en végétation),
    – Distance entre rangs réduite à 2-2.5 m,
    – La porosité de la haie est essentielle.

Agriculture biologique

  • L’intérêt d’un verger haute densité est à confirmer en conduite biologique. La végétation est en effet concentrée dans l’épaisseur du mur fruitier. Quel que soit le mode de conduite choisi, en Agriculture Biologique, il est nécessaire de rester vigilant sur les points suivants :
  • Aérer la végétation
  • Quel que soit le système de conduite choisi, une végétation « claire » favorisant l’aération doit rester prioritaire afin de réduire les périodes d’humectation et d’hygrométrie élevée (tavelure, maladies de conservation, puceron lanigère…) et d’améliorer la coloration (1ère récolte et fin de récolte plus précoces réduisant également les risques en conservation).
  • Limiter les pousses actives
  • Dans les mêmes objectifs (humidité, coloration), il est nécessaire d’éviter toute pratique ou itinéraire technique aboutissant à la présence de pousses actives en fin d’été ou en automne. De plus, ces pousses tardives augmentent non seulement l’attractivité de l’arbre pour le retour des formes ailées du puceron cendré mais améliorent également leur capacité à déposer des oeufs. (cf. Gestion de la vigueur).
  • 2 × 2 bras

Si les porte-greffe de type M9 sont choisis pour réaliser ce type de nouveau verger, il semblerait nécessaire de le former sur 2 × 2 bras par arbre afin de garder une haie étroite et aérée (et d’augmenter la distance entre les arbres).L’utilisation du G11, plus vigoureux, peut-être intéressante pour la coexistence avec des bandes fleuries (cf. Préparation du sol avant plantation).

Préparation du sol

De quoi s’agit-il ?

La préparation du sol avant plantation puis sa gestion durant la vie du verger est un élément prépondérant de réussite. Le sol est un lieu d’échange de matière et d’énergie. Il intervient dans les cycles de l’eau, du carbone, du phosphore et de l’azote et offre des habitats pour les organismes vivants. Le sol joue un rôle majeur pour la fabrication de biomasse en mettant à disposition du système aérien tous les composants nécessaires à la constitution du fruit. La préparation du sol doit permettre de repartir d’un état initial favorable à l’aération du sol, à sa structure et à la teneur en matière organique. La préparation du sol conditionne le développement du système racinaire et, indirectement, la croissance du jeune arbre.

Caractéristiques des porte greffes

  • C’est le porte greffe qui assure le développement racinaire dans le sol, ses rôles sont : ancrage, absorption d’eau et d’éléments minéraux, translocation d’eau et de composés chimiques (hormones …), mise en réserve d’éléments (carbohydrates, protéines …) ;
  • Le porte-greffe doit satisfaire à plusieurs conditions indépendantes les unes des autres :
    – contrôle de la croissance et de la vigueur,
    – adaptation aux conditions de sol (pH, texture, humidité, éléments minéraux i.e. chlorose …)
    – adaptation au climat (tolérance au froid hivernal, à la sécheresse, aux fortes températures …),
    – rapidité de mise à fruit et régularité de production et maintien du calibre,
    – résistance ou tolérance aux bio-agresseurs (phytophthora et verticilliose, crown gall et feu bactérien, pucerons lanigères et nématodes, phytoplasmes, …),
    – absence ou faible présence de rejets ou de drageons.
  • La population de porte-greffe du pommier la plus plantée dans le monde est celle du Paradis Jaune de Metz. C’est un semis de hasard sélectionné en France en 1879 et cloné par East Malling en 1912, date à laquelle il est devenu le M9. Ce porte-greffe dit nanisant réduit la vigueur pour présenter un volume de frondaison de 65 à 75 % inférieur à celui du franc. Il favorise une mise à fruit rapide, une production régulière et un bon calibre. Il nécessite un palissage, il est sensible au feu bactérien et au puceron lanigère. Pajam®1 Lancep, Pajam®2 Cepiland, ainsi que, M9 Emla (East Malling/Long Ashton) et M9 Nakb T337 sont tous issus d’une sélection clonale du M9.
  • Un nouveau porte greffe, Geneva® G11, confère une vigueur légèrement supérieure à celle du type M9 et un niveau de production supérieur tout en maintenant le calibre et la coloration des fruits. Les principaux intérêts de Geneva® G11 sont sa tolérance au puceron lanigère, au phytophtora, au gel et à la fatigue du sol. Il est moyennement sensible au feu bactérien. Ce porte greffe est particulièrement recommandé en situation de replantation. Il a l’inconvénient de se multiplier difficilement ce qui retarde la disponibilité et donc la large diffusion.

Points clés

  • Faire une analyse physico-chimique et éventuellement biologique du sol en séparant la zone 0-30 cm de la zone 30-60 cm, prévoir 10 à 15 points de prélèvement par parcelle et en repérant les emplacements pour les analyses ultérieures ;
  • Corriger les carences éventuelles en éléments fertilisants et matière organique, et positionner les éléments minéraux peu mobiles sur le futur rang ;
  • Réaliser un profil cultural pour visualiser :
    – les couches de terre (horizons), le compactage, les cailloux, les amas organiques ou minéraux, les zones asphyxiées, les zones de présence des racines, …
    – l’activité des vers de terre et des macro et microarthropodes du sol,
  • L’idéal reste de planter sur sol neuf ou reposé mais cette possibilité devenant très rare, veiller à anticiper les arrachages et à réaliser le travail du sol dans de bonnes conditions l’été précédant la plantation ;
  • Retirer un maximum de racines du précédent verger par une opération spécifique ;
  • Dans la mesure du possible, prévoir un engrais vert en précédent cultural, soit pour un enrichissement en matière organique et en azote, soit comme bio-désinfectant (Conception du verger en Agriculture biologique) ;
  • Revoir si nécessaire le surfaçage et le drainage de la parcelle le cas échéant ;
  • Préférer un sous-solage simple ou croisé à minimum 0.80 à 1 m de profondeur, sur un sol bien ressuyé pour ameublir en profondeur et casser les zones de compactage ;
  • Veiller à ne pas tasser le sol sur la ligne au moment de la préparation des planches de plantation ;
  • Prévoir ensuite un labour classique ou un passage de rotobêche :
    – casser les mottes à la herse ou avec tout autre outil permettant d’obtenir un sol le plus fin possible,
    – dans les zones froides, les mottes émiettées par le gel offrent en fin d’hiver une structure idéale,
  • Le labour permet de redémarrer sur des situations propres en termes d’inoculum y compris pour le carpocapse ou les campagnols.

Conseils

  • Les fentes oculaires sont liées au « mauvais » fonctionnement du sol, investir dans des pneus larges ou basse pression pour limiter le tassement sur le rang ;
  • Adapter la pression des pneus selon le type de travail à réaliser (tendance générale au sur-gonflage) ;
  • Adapter les outils en privilégiant les gains de poids, éviter les outils surdimensionnés ;
  • Favoriser et maintenir un sol bien aéré (croissance racinaire, circulation de l’eau, absence d’asphyxie) ;
  • Prévoir un apport de matière organique si possible sur le futur rang lorsque le taux est inférieur à 2%.
    – L’incorporer dans les 20 premiers centimètres en conditions de bonne aération,
    – En cas d’ajout de compost peu évolué pour alimenter les microorganismes, compenser la faim d’azote par un apport à l’automne ou avec un complément d’engrais azoté,
  • Prévoir un amendement basique (carbonate, hydroxyde ou oxyde de calcium) si le pH est inférieur à 6,5 ;

Bon à savoir

  • Le pommier est rustique et s’adapte facilement à de multiples types de sol (tolérance au pH élevé 8-8,5 et au calcaire actif). Le pH optimal est compris entre 6,5 et 7,5 ;
  • Les matières organiques représentent 1 à 10 % de la masse du sol, leur décomposition fournit des nutriments aux plantes. Les baisses de matière organique entraînent :
    – une diminution de la fertilité (moindre aération des sols et rétention d’eau),
    – une perte de la biodiversité (moins de nourriture pour les organismes du sol),
    – une moindre résistance des sols à l’érosion et au tassement,
    – une diminution de la capacité des sols à retenir l’eau,
    – une diminution du stockage du carbone dans les sols, …
  • Une pente de 2 à 3 % suffit pour induire une érosion hydrique
  • Les racines se développent à l’image de la frondaison essentiellement pendant la phase d’entrée en production ;
  • La période de croissance racinaire est plus étendue que celle des rameaux (9 à 10 mois au lieu de 2 à 3) ;
  • La croissance racinaire ralentit en phase de croissance des rameaux, elle est plus élevée la nuit que le jour ;
  • Les croissances aériennes et racinaires sont interdépendantes pour des raisons trophiques (nutrition) et hormonales ;
  • L’intensification du système racinaire y compris au niveau du scion est le fait de petites racines blanches de quelques centimètres de longueur et de 3 mm au plus :
    – leur durée de vie est très courte 2 à 3 semaines mais elles ont un taux de renouvellement élevé,
    – une partie persiste, se subérifie puis se lignifie.
  • La majorité des racines est concentrée autour du tronc notamment :
    – en présence d’un horizon trop compacté, trop humide ou trop sec,
    – selon les conditions et techniques de plantation qui provoque un tassement,
    – si la densité de plantation est élevée (mais la concurrence est recherchée),
    – en cas de localisation de l’irrigation,
  • L’arbre peut s’alimenter sur un faible volume de sol mais sa conduite est plus complexe.

Focus – Tassement du sol

  • Pour le pommier deux facteurs principaux, outre la nature du sol, occasionnent un risque de tassement :
    – les interventions contre la tavelure au printemps et contre les maladies de conservation en automne réalisées majoritairement en périodes humides,
    – la date de récolte, tardive, oblige à transporter le poids de la récolte sur des sols parfois gorgés d’eau. Dans ces conditions même les enherbements les plus performants sont insuffisants.
    – dans certains cas, le mode d’irrigation, s’il humidifie les passages de roue est un facteur aggravant le tassement du sol.
  • Le tassement des sols est provoqué par une surcharge due à la mécanisation notamment en situation de forte humidité, il a pour conséquences :
    – chute des feuilles plus précoces,
    – départ tardif de la végétation au printemps,
    – apparition de fentes oculaires/cracking,
    – manque de vigueur,
    – présence de flaques pendant les irrigations,
    – rapidité de diffusion horizontale de l’eau en cas d’irrigation gravitaire,
    – valeurs de tensiométrie restant élevées après une irrigation (faible diffusion verticale).

Attention

  • Des symptômes de fatigue du sol s’expriment plus ou moins rapidement après plantation et se caractérisent par des pertes de vigueur et l’apparition d’hétérogénéité au sein du verger ;
  • Des symptômes sont associés à des problèmes pathologiques : divers pourridiés, phytophtora, nématodes, … ;
  • Eviter un labour de défoncement qui remonte de la terre de moindre qualité et enfouit profondément la zone superficielle enrichie en matière organique ;
  • La préparation de la plantation et la pose des poteaux de palissage peuvent réduire à néant les efforts d’aération du sol et d’amélioration de la structure. Essayer de limiter au maximum le tassement.

Focus – Renouvellement des vergers

  • L’arrachage des vieux arbres peut être fait de plusieurs façons plus ou moins respectueuses de l’environnement et plus ou moins couteuses :
    – sortie irrigation, fils et poteaux, tronçonnage des arbres et évacuation du bois, broyage des branches et sortie ou brulage des souches préalablement arrachées au tractopelle ou poussées au bulldozer,
    – pousse au bulldozer et brulage et de tout ou partie du verger,
    – sortie de l’irrigation et des fils de palissage puis passage de broyeur forestier. Attention à la grosseur de broyage.

Témoignage Agriculture biologique

Préparation du sol

  • Une préparation du sol pertinente demande évidemment une connaissance de la parcelle (topographie, drainage, profilés de surface, nivellements, dispositifs d’évacuation des excès d’eau, flore spontanée problématique …) et du sol. La réalisation de profils sur la profondeur potentielle d’enracinement est indispensable à la connaissance du sol. Ils permettront de déterminer les différents horizons et donc les profondeurs des différents échantillons à prélever pour les analyses en laboratoires. Ils renseigneront également sur les problématiques éventuelles à résoudre (profondeurs des tassements et (ou) des hydromorphies, profondeurs des couches imperméables ou drainantes…) et orienteront donc les pratiques de préparation, par exemple en évitant un labour qui remonterait des éléments défavorables (cailloux, calcaire…).
  • En Agriculture Biologique, la replantation le premier hiver après la dernière récolte est déconseillée. En revanche, le semis de cultures préparatoires à la plantation est vivement conseillé ; ces cultures seront choisies (voir avec votre service technique) en fonction des analyses de sol et surtout des problèmes et objectifs identifiés grâce aux profils.
  • Le retrait d’un maximum de racines est à rechercher, mais en prenant soin de ne pas remonter un sol défavorable.
  • Pour rappel, la présence de pourridié exclut toute plantation de ligneux pour plusieurs décennies.
  • Selon l’état initial du sol, plusieurs cultures préparatoires peuvent être nécessaires car les bonnes conditions de plantation sont prioritaires par rapport à la rapidité de la (re)plantation.
    – Les bio-désinfectants (sorghos ou tagètes), en plus de l’apport de matière organique, ont un effet fongique et/ou nématicide qui limite les effets de la fatigue de sol ;
    – Le sorgho du Soudan développe une forte biomasse et peut faire l’objet de plusieurs coupes avant épiaison, mais nécessite d’être irrigué. Ne pas laisser grainer pour éviter les repousses.

Analyses de sol en Agriculture Biologique

  • Les analyses classiques restent tout à fait utiles, mais elles ne renseignent absolument pas sur l’activité biologique car les mesures standard de matières organiques ne distinguent pas les parties inertes ou actives, or, en Agriculture Biologique la nutrition de l’arbre va être beaucoup plus fortement dépendante de l’activité biologique.
  • Des analyses plus complexes de la matière organique existent (Celesta-lab …) et sont incontournables pour un choix pertinent de l’amendement de fond.

Apports organiques et minéraux

  • En arboriculture les composts de déchets verts sont rarement intéressants car leurs matières premières sont présentes en abondance dans le verger, c’est à dire la lignine des bois de taille et la cellulose des feuilles et des enherbements.
  • Par ailleurs les apports de phosphore sont à limiter afin de permettre rapidement l’association des mycorhizes aux racines de pommiers. Ces champignons symbiotiques sont les plus efficaces pour puiser le phosphore, explorer des volumes de sol importants, s’associer aux légumineuses et protéger les racines face à divers bioagresseurs telluriques.
  • Plus globalement, les apports massifs d’éléments minéraux (Ca, P, K…) sont à éviter en Agriculture Biologique car ils peuvent, en modifiant brutalement la « chimie » du sol, provoquer des blocages de nutriments ou(et) d’activités biologiques.

Gestion du sol

  • Dans les sols à texture fine le risque de tassement est majeur, les cultures préparatoires contribuent fortement à corriger ce défaut, mais elles sont insuffisantes si d’autres mesures de respect des sols ne sont pas mises en oeuvre :
    – interventions sur sols ressuyés,
    – matériels plus légers et/ou trainés,
    – jouter un point d’appui aux outils portés, ce qui permet de supprimer le lestage avant des tracteurs.
    – répartition du poids sur plusieurs essieux, voire sur chenilles,
    – réduction des pressions de gonflages, et pas uniquement sur le tracteur !
    – ne pas trop affiner le sol car les structures très fines se reprennent en masse aux premières pluies.

Plantation

De quoi s’agit-il ?

La plantation proprement dite est le point de départ du verger et constitue la première d’une longue série d’étapes cruciales. Le chantier se passera d’autant mieux que la conception du verger aura fait l’objet d’une réflexion approfondie et que l’ensemble de l’itinéraire technique aura pu être préparé. L’improvisation amène fréquemment à des échecs et il est important d’appliquer de bonnes pratiques pour atteindre rapidement les objectifs de production.

Caractéristiques de la variété

  • Long cycle de végétation en pépinière qui se traduit par une défeuillaison et un aoutement tardifs et qui a pour conséquence un arrachage des scions décalé dans le temps.

Points clés

  • Ne pas chercher à planter trop tôt (Sainte Catherine), laisser aux scions le temps de bien s’aoûter avant l’arrachage en pépinière ;
  • Gérer la vigueur à travers la hauteur du point de greffe ;
  • Installer très rapidement après plantation le palissage des arbres et le système d’irrigation
    – En cas de retard sur l’irrigation arroser à la tonne à eau pour ne pas laisser sécher les arbres,
  • Un scion n’est pas un arbre au système racinaire installé. Arroser/irriguer fréquemment et autant de fois que nécessaire, dès que le régime des précipitations est insuffisant ;
  • Connaitre le sol pour raisonner la fertilisation ;
  • Ne pas garder de fruits la première année pour favoriser la croissance et atteindre rapidement le volume du verger.

Bon à savoir

  • La hauteur du point de greffe par rapport à la surface du sol est un point déterminant pour le contrôle de la vigueur des arbres et pour la régularité du verger :
    – planté trop bas, l’arbre pourrait s’affranchir,
    – planté trop haut, le risque est d’obtenir un arbre trop faible,
    L’homogénéité de hauteur des points de greffe est non seulement importante pour la régularité du verger, mais également pour faciliter le réglage des systèmes d’effacement des outils d’entretien du sol, et ce d’autant plus que les bourrelets de greffe sont volumineux.
  • Dans tous les cas, des points de greffe installés à des hauteurs irrégulières donneront des arbres de vigueur hétérogène et un verger irrégulier ;
  • 10 à 15 cm sont des hauteurs assez standard au moment de la plantation sachant notamment que l’arrosage peut faire descendre le scion.

Conseils

Sol

  • Une plantation sur butte peut être envisagée pour différentes raisons : réchauffement plus rapide du sol en fin d’hiver, ressuyage plus rapide en zones humides, augmentation du volume de sol disponible. Ces buttes peuvent augmenter le risque de drageonnement et de repousses du porte-greffe autour du pied des arbres, occasionnant ainsi des interventions supplémentaires. De plus, le désherbage mécanique et chimique, l’accès aux échelles de récolte sont moins faciles.
  • Installer l’enherbement inter-rang les mois précédant la plantation.

Stockage des scions

  • Veiller aux bonnes conditions de stockage et de transport des scions pour éviter leur dessèchement ;
    – Les réhydrater lors de leur réception,
  • Le passage en jauge, si possible dans du sable, ne doit pas excéder quelques semaines. Ne pas oublier d’arroser les jauges 2 fois par semaine, si les conditions météorologiques amènent à retarder la plantation après la livraison. Choisir une zone à l’ombre et à l’abri pour établir la jauge, la protéger du gibier ;
  • Préférer le stockage dans une chambre réfrigérée en absence de fruits :
    – disposer les arbres sur palettes et humidifier régulièrement les racines et le sol de la chambre,
    – stocker à une température de maximum à 4°C, descendre d’un ½ à 1°C degré par mois si le séjour se prolonge,
    – conserver dans une atmosphère humide supérieure à 90% d’hygrométrie.

Plantation

  • Planter dès que les conditions climatiques sont favorables et les scions disponibles ;
  • Planter, dans la mesure du possible, avant fin janvier, car le système racinaire commence sa croissance beaucoup plus tôt que le système végétatif ;
  • Les plantations mi-mars/avril demandent un soin supérieur, notamment en arrosage/irrigation ;
  • Réhydrater les arbres en les laissant 24 à 36 heures dans un palox/récipient plein d’eau. Ce palox peut être posé au champ, évitant ainsi le dessèchement pendant l’attente de plantation ;
  • Utiliser si nécessaire des manchons anti-lapins ;
  • Garder le maximum de racines, en rafraîchir éventuellement l’extrémité, si besoin couper les racines abimées ou blessées lors de l’arrachage ;
  • Supprimer systématiquement les rejets parfois déjà présents sur le scion ;
  • Bien disposer les racines dans le trou de plantation, les recouvrir de terre fine et tasser. Attention aux poches d’air et au « risque de descente » de l’arbre ;
  • Veiller au respect de la hauteur du point de greffe lors de la plantation, notamment à la machine, pour éviter une cause d’hétérogénéité de développement des arbres ;
  • Attention de ne pas lisser le sol ;
  • L’utilisation de machines équipées de système GPS RTK assure un parfait alignement des arbres.

Entretien

  • Arroser autant de fois que nécessaire à la tonne à eau sur le pourtour de l’arbre plutôt que sur le pied ;
  • Installer le système d’irrigation rapidement pour prendre le relai des arrosages manuels ;
  • Palisser le plus tôt possible pour éviter que des jeunes radicelles ne se cassent Un seul fil est suffisant dans un premier temps.

Attention

  • Éviter de planter par fort vent, car risque de déshydratation et de verse ;
  • Éviter de planter par températures négatives car gel possible du chevelu racinaire ;
  • Retarder la plantation en cas de sols trop humides.

Focus

  • Les plus anciens vergers de Cripps Pink cov peuvent montrer des déficits de production en qualité Pink Lady® et il peut être envisagé de les surgreffer avec une variété dérivée plus colorée telle que Rosy Glow cov ou Sekzie cov ;
  • S’assurer auprès de Star Fruits de la possibilité de réalisation. Penser à réserver les greffons ;
  • L’objectif premier du surgreffage est d’éviter un arrachage/replantation pour produire le plus rapidement possible et avoir un retour sur investissement plus rapide en utilisant la structure existante. Plusieurs techniques de greffage existent, choisir celle que vous maitrisez le mieux ou confier le chantier à un spécialiste ;
  • Le chantier se prépare à l’automne pour un greffage en sortie d’hiver (mi-février ou début mars). Prévoir au printemps un ébourgeonnage et en début d’été la sélection des pousses.

Agriculture biologique

  • Anticiper le semis de l’enherbement inter-rang :
    – respect du sol en limitant les tassements,
    – accès plus confortable au chantier de plantation et respect du sol pendant les opérations,
    – biodiversité entomologique plus rapidement opérationnelle en 1ère feuille.

Témoignages

  • Plantation sur compost, apport de matière organique dans le trou de plantation
  • Changement de terre
  • Surgreffage
  • Plantation machine avec système RTK.

Conduite du jeune verger

De quoi s’agit-il ?

Les trois premières années du verger sont décisives et vont impacter sa pérennité, sa productivité et sa rentabilité toute sa vie durant. L’objectif est de tout mettre en oeuvre pour installer rapidement le volume des arbres dans l’espace alloué, d’appliquer les techniques favorisant la mise à fruit et de limiter celles trop vigorisantes. De nombreux facteurs interviennent sur la complexité de cette phase pendant laquelle la technicité doit composer avec le type de matériel végétal, le sol et le climat.

Caractéristiques

  • Vigueur forte (supérieure de 10 % à celle de Golden Delicious) :
  • Port érigé à demi-érigé les premières années, malgré des angles d’insertion assez ouverts, retombant naturellement si la mise à fruit est favorable ;
  • Bon potentiel de ramification ne nécessitant pas de systématiser une opération de crans à l’issue des 2èmes et 3èmes feuilles ;
  • Rameaux trapus avec entre-noeuds assez courts, peu souples, mais peu cassants ;
  • Dominance moyenne à faible de l’axe sur la ramification ;
  • Bonne croissance apicale de la pousse de bourse ;
  • Entrée en production rapide.

Points clés de la phase de formation

  • Favoriser la croissance de l’axe vertical ;
  • Supprimer systématiquement le ou les rameaux concurrents de la pousse terminale :
    – par ébourgeonnage des bourgeons axillaires (au démarrage du scion),
    – par arrachage (pousses de moins de 10 cm),
    – par pincement (mois de mai ou juin),
  • Intervenir au plus tôt et autant de fois que nécessaire ;
  • Hiérarchiser les branches à partir de 1 m à 1.20 m et les répartir dans le volume ;
  • Considérer la charge en 2ème et 3ème feuille comme variable d’ajustement au développement de l’arbre.

Attention

  • Éviter des arcures manuelles trop sévères (en deçà de 45° sous l’horizontale), trop précoces (juin), qui vont induire des gourmands vigoureux et le vieillissement prématuré du rameau ;
  • Eviter des attachages systématiques et/ou trop standardisés, des empilements de rameaux qui seront défavorables à la pénétration de la lumière ;
  • Attention aux risques d’étranglement selon le lien ou la qualité d’attachage ;
  • Supprimer les branches trop concurrentes de l’axe ;
  • Ne pas conserver de fruits en première feuille.

Conseils

Première feuille

  • Favoriser la croissance de l’arbre en supprimant les pousses concurrentes repérables à leur angle fermé, à leur hauteur d’apex et à leur diamètre équivalent à la moitié ou plus de celui de l’axe principal ;

Deuxième feuille

  • Maintenir et préférer un ébourgeonnage des bourgeons axillaires au terminal. Les poussent issues de ces bourgeons sont ingérables : angle trop fermé et concurrence directe pour la dominance apicale ;
  • Surveiller les rameaux demi-érigés insuffisamment à fruit :
    – détecter ces rameaux suffisamment tôt,
    – supprimer ou pincer les plus vigoureux,
    – positionner manuellement sous l’horizontale pour favoriser leur ramification et leur mise à fruit,
  • Former spécifiquement les personnes réalisant le positionnement des rameaux :
    – en leur apprenant le noeud de batelier dans le cas d’utilisation de liens,
    – en expliquant le geste de basculement de branche parfois accompagné d’une torsion pour éviter le phénomène de crosse, inducteur de gourmands,
    – en positionnant les liens suffisamment bas pour maintenir le rameau le plus droit possible,
  • Hiérarchiser les ramifications en les répartissant de façon hélicoïdale et homogène sur tout le volume ;
  • Favoriser les interventions précoces et en vert qui permettent de tirer le meilleur parti du potentiel de l’arbre.

Focus

  • Les anticipés obtenus en pépinière sont de forts concurrents de l’axe, notamment s’il n’y a pas de production en 1ère feuille :
    – supprimer les anticipés trop bas (< 60 cm), trop gros, en excès et à angle trop fermé ; conserver deux yeux voire un chicot, chaque fois qu’il parait utile de renouveler le rameau à l’emplacement initial ; dans les autres cas, tailler à ras,
    – dans le cas du choix d’une taille longue, positionner sous l’horizontale les anticipés qui seront conservés ;
  • Supprimer tout ou partie des anticipés en cas de :
    – plantation tardive (scions démarrés),
    – plantation précoce en climat sec et venté, avec risque de déficit de pluie ou d’arrosage,
    – nombre insuffisant d’anticipés entraînant un déséquilibre de l’arbre,
    – arbre de reprise incertaine,
  • Planter des scions non/peu ramifiés si volonté de supprimer les anticipés, notamment en zones fortement ventées ou en situations supposées de fatigue de sol ;
  • En conditions de plantation favorables, le maintien des anticipés participe à la rapidité de mise à fruits.

Bon à savoir

  • La gestion des ramifications par arcure manuelle s’avère coûteuse en temps et peut monter jusqu’à 600 heures par hectare à l’issue de la 3ème feuille, notamment dans le cas d’une forte présence d’anticipés ;
  • La réduction de ce poste est possible en rabattant les anticipés, soit pendant la taille hiver, soit en vert :
    – laisser un chicot qui favorisera le départ de rameaux moins vigoureux et pour lesquels l’arcure manuelle ne sera plus nécessaire (principe de la taille Lorette),
    – cette pratique requiert du personnel moins qualifié et peut se standardiser par la coupe des rameaux supérieurs aux seuils de 50 cm de longueur et 10 mm de diamètre,
  • Cette technique a pour vocation de favoriser des rameaux fruitiers de taille modeste dont la gestion sera plus simple et plus aisée plutôt que des branches fruitières de grande envergure ;
  • Cette gestion des rameaux convient parfaitement pour des vergers de haute densité, notamment dans le cas d’utilisation d’arbres double axe type Bibaum®, …

Agriculture biologique

  • Priorité à l’établissement d’un arbre raisonnablement volumineux et productif, et très aéré.
    – Aucun fruit ne sera conservé en 1ère feuille et 2ème feuille (sauf développement exceptionnel).
  • Pas d’intérêt pour les arbres très ramifiés car les anticipés ne seront pas conservés.
  • Appliqué une stratégie d’automne de chute des feuilles en l’absence de récolte les premières années pour lutter contre le puceron cendré, ravageur très pénalisant sur arbres jeunes,
    – stratégie supposant, comme sur arbres adultes, la faible disponibilité des nitrates en automne.
  • Dans le cas particulier d’une plantation sur le porte-greffe M7, la phase de formation sera automatiquement plus longue, notamment si l’on souhaite obtenir une haie étroite.
    – la vigueur du M7 suppose sa répartition sur 2×2 bras (conduite type Salsa) pour retrouver une puissance par bras comparable aux standards à 2 bras sur porte greffe type M9 ou CG11.

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