Maturité

De quoi s’agit-il ?

Avant-dernier stade de développement du fruit avant la sénescence, la maturité se traduit par de nombreux changements au niveau de la pomme. La maturité correspond à la phase dite climactérique qui se caractérise par une forte biosynthèse d’éthylène. Cette hormone intervient dans le processus de dégradation de l’amidon en sucres solubles et dans la synthèse des anthocyanes, responsables de la pigmentation rouge. Parallèlement, la fermeté et l’acidité diminuent, la teneur en composés organiques volatils augmente, la coloration rose/rouge s’intensifie et la couleur de fond évolue vers le jaune. La détermination de la date de maturité est essentielle pour que s’exprime la qualité du fruit et pour maintenir le potentiel de conservation.

Caractéristiques de la variété

  • Cripps Pink cov et variétés dérivées se caractérisent à la récolte par : une teneur en sucres solubles de 13 à 14 % Brix, une fermeté de 7,5 à 9 kg/cm² et une acidité de 6 à 7 g/l d’acidité malique.
  • Une maturité trop avancée se traduit par une perte de potentiel de conservation et par l’apparition de désordres :
    – fermeté insuffisante ne répondant plus aux exigences du cahier des charges,
    – texture cotonneuse,
    – couleur de fond peu attrayante tirant sur le jaune,
    – épiderme « graisseux »,
    – risques accrus de brunissement interne de sénescence, de pourritures de type gloeosporioses, de phytophthora.

Points clés

  • La détermination de la date de maturité est la clé de la longue conservation et du maintien de la qualité. C’est le « top départ » pour le déclenchement de la récolte.
  • Il n’existe pas de test parfait pour déterminer la date optimale de maturité pour la longue conservation, mais la combinaison de différents indicateurs permet de l’approcher :
  • Les fruits se comportent parfaitement en conservation dès qu’ils atteignent les stades 4 à 5 de régression de l’amidon. Cependant, l’organisation des chantiers ou le manque de coloration amène trop souvent à ne commencer les récoltes qu’autour de 7.

Conseils

  • Suivre régulièrement la progression de la maturité à l’aide d’un échantillonnage rigoureux :
    – commencer les analyses 2 à 3 semaines avant la date de récolte présumée, afin de suivre la progression de la maturité,
    – prélever une trentaine de fruits représentatifs de la parcelle et correspondant au passage visé,
    – prélever des fruits sur chaque parcelle : en cas d’hétérogénéité, réaliser alors plusieurs analyses,
    – veiller à ce que le même opérateur effectue les différents prélèvements,
  • Utiliser le code amidon Pink Lady® parfaitement adapté aux variétés Cripps Pink et dérivées ;
  • Comparer les résultats de l’année avec l’historique pour gérer au mieux la récolte ;
  • Selon Whale et Singh (2007), la maturité débute 190 jours après la pleine floraison, écart établi par le suivi de l’éthylène dans le fruit.
  • Consulter les prévisions météorologiques, de longues périodes de pluie peuvent être annoncées et amènent à modifier le calendrier prévisionnel des récoltes.

Bon à savoir

Le gain moyen d’amidon est de 1 point tous les 7 jours. La précocité ou la tardivité de l’année ne change pas
l’évolution de la régression de l’amidon.

Evolution moyenne et extrêmes de la régression d’amidon (échelle 1 à 10)

La perte moyenne de fermeté est de 270 g/cm² tous les 7 jours.

Evolution moyenne et extrêmes de la fermeté (kg/cm²)

Le gain moyen de sucre est de 0,5% Brix en 8 jours. En 2007, il est sur cet intervalle de 1,1% Brix et seulement de 0,3% Brix en 2008.

Evolution moyenne et extrêmes de la teneur en sucres solubles (% Brix)

La perte moyenne d’acidité est de 0,5 g/l en 10 jours.

Evolution moyenne et extrêmes de la teneur en acide malique (g/l)

Focus

  • Le réseau maturité Pink Lady® européen assure le suivi de la maturité des pommes dans plusieurs bassins de production. Il a pour but d’informer les producteurs sur l’évolution de la maturité des pommes et de déterminer la date de récolte la plus favorable pour l’obtention de fruits de qualité et ayant un bon potentiel de conservation.
  • Un bulletin hebdomadaire est transmis aux techniciens et producteurs participant au réseau. Des dates de déclenchement de la récolte peuvent ainsi être proposées par zone géographique. Les comparaisons annuelles sont précieuses pour situer son verger, prévoir l’évolution d’un paramètre et hâter la récolte si les signes de pertes de qualité sont présents.
  • Ce réseau maturité Pink Lady® est un bulletin d’information technique qui permet de situer l’année parmi un historique et de tirer les enseignements pour déclencher et orienter la récolte. Ce n’est pas un outil de comparaison entre régions.

Attention

  • Au-delà du stade 8 du code couleur amidon (échelle de 1 à 10), la coloration du fruit reste pâle et n’évolue plus aussi favorablement. La synthèse des anthocyanes devient insuffisante, notamment si la température maximale est inférieure à 15°C (Cf. fiche Coloration). Il peut être alors préférable d’hâter la récolte pour éviter des pertes qualitatives.
  • Ne pas chercher à compenser un calibre insuffisant en apportant de l’eau à l’approche de la récolte.

Agriculture biologique

  • La situation du verger en Agriculture Biologique, moins vigoureux et moins chargé en fruit, peut être favorable à une prise de coloration plus précoce. Les principes d’évolution de la maturité sont évidemment les mêmes qu’en vergers conventionnels.
  • Une cueillette dès 4-5 de régression d’amidon et des conditions sèches sont un gage de faible contamination fongique.
  • Les récoltes plus tardives, nécessaires pour une coloration commerciale peuvent s’avérer plus sujettes aux risques de pourritures. En cas de surmaturité, prévoir une commercialisation très rapide des lots.

Témoignages

Coloration

De quoi s’agit-il ?

La coloration rouge des pommes est un des facteurs essentiels pour l’accès du fruit au marché. Cette coloration est liée à la présence dans l’épiderme de composés phénoliques, notamment des anthocyanes, responsables de la pigmentation rouge. L’accumulation d’anthocyanes, comme d’autres aspects du développement du pommier, est sujette à différents facteurs génétique, nutritionnel, technique et environnemental (lumière et température) qui interagissent entre eux.

Caractéristiques de la variété

  • Plusieurs variétés dérivées plus colorés que Cripps Pink cov sont apparues depuis les premiers développements en verger :
    – Rosy Glow cov, plus colorée, découverte en 1995 à Forrest Range en Australie du Sud, présente quelques stries sur la face non exposée à la lumière,
    – Sekzie cov, plus colorée, découverte en 1996 en Nouvelle-Zélande, est complètement lavée,
  • Cripps Pink cov doit être proche de la maturité pour colorer, même si les conditions sont favorables plus tôt.

Points clés

  • Planter Nord/Sud et à la densité la plus appropriée à votre type de sol. Attention à la fatigue de sol qui diminue la fertilité pour les générations suivantes ;
  • Soigner la conduite des arbres et la porosité de la haie pour avoir les fruits exposés à la lumière ;
  • Adapter la charge en fruits au volume végétatif pour un ratio feuilles / fruit favorable à une bonne alimentation ;
  • Privilégier les filets paragrêles les plus clairs possibles (sauf contre-indication réglementaire comme dans le Sud Tyrol-Italie) ;
  • Si excès d’eau probable à la récolte, prévoir des parcelles bien drainées ou planter sur butte ;
  • Faire un premier passage précoce favorable à la qualité générale de la récolte. Le délestage des branches provoque leur remontée et l’éclairement induit est favorable à la coloration des pommes restantes ;
  • Ne pas apporter d’azote en septembre/octobre pour favoriser la coloration (Cf. fiche nutrition). Les effets négatifs de l’azote sont indirects en stimulant la pousse des gourmands et en créant de l’ombrage, directs par inhibition de synthèse des anthocyanes.
  • Effeuiller manuellement ou mécaniquement les arbres 3 semaines avant récolte minimum ;

Focus

  • La température et la lumière sont les deux facteurs climatiques majeurs ;
  • La lumière joue un rôle important sur la coloration, 50% du rayonnement solaire est nécessaire pour atteindre un niveau de coloration suffisant et 70% pour atteindre une coloration supérieure ;
  • L’énergie reçue par le fruit est également importante (Lancaster, 1992). Steyn et al. (2018) indiquent que les périodes ensoleillées sont les plus favorables à la coloration et que la synthèse des anthocyanes peut être réduite de 80% les journées nébuleuses ;
  • La période critique pour la coloration se situe 2 à 3 semaines avant la récolte, soit pendant la phase pré-climactérique (durée de 10 jours environ). Ce stade dépassé, la capacité de synthèse des anthocyanes est fortement réduite (des 2/3 selon Curry 1997 citant Faragher 1983) ;
  • La prise de couleur débute environ 170 jours après F2 par un premier « voile » qui peut disparaitre en conditions défavorables ;
  • La plupart des seuils illustrés ci-dessous sont issus de travaux conduits sur Cripps Pink cov. Ces seuils gardent leur utilité, même si les variétés dérivées colorent plus facilement.

Tableau des seuils de températures et leurs impacts sur la coloration :

Attention

  • Éviter les tailles trop sévères et notamment la taille mécanique :
    – effets directs par ombrage, suite à la stimulation excessive des pousses,
    – effets indirects en stimulant l’activité des gibbérellines antagonistes de la synthèse des anthocyanes,
  • Eviter les acariens rouges mais faible sensibilité de Cripps Pink cov et variétés dérivées.

Conseils

  • Taille d’été : attention à la période et aux coups de soleil sur les interventions du 15/06 au 31/08 :
    – choisir la date en fonction de la prévision météorologique,
    – idéalement, supprimer les gourmands tant qu’ils s’arrachent = chantier précoce (mai) et rapide,
  • Irrigation : créer un léger stress en verger trop vigoureux pour limiter la transpiration et la croissance des pousses, mais sans excès, sinon effet dépressif sur le calibre, la coloration et augmentation des coups de soleil
  • Fertilisation : un apport de potassium améliore la coloration par effet antagoniste de l’azote ;
  • Envisager une taille des racines en conditions trop vigoureuses ;
  • Toile réfléchissante : utilisée dans certains pays 3 à 4 semaines avant la récolte, effet d’autant plus marqué que l’année est difficile. Coût, temps de pose et dépose, conditions ventées, stockage et recyclage sont autant de freins à l’utilisation.

Filets paragrêles

  • La protection contre la grêle est importante à prendre en compte pour sécuriser le revenu de l’exploitation, mais également pour garantir un approvisionnement en fruits ;
  • Effet marqué sur la coloration, d’autant plus que le filet est sombre (gradient entre cristal, gris, noir)
    – pourcentage de coloration et vitesse d’apparition sont affectés et aggravés par les fortes charges et/ou les conditions climatiques défavorables,
    – retard possible de maturité,
  • Autres effets :
    – augmentation des durées d’humectation = possible aggravation des contaminations par la tavelure,
    – limitation de l’évapotranspiration de 10 à 20% selon le filet à intégrer dans le raisonnement de l’irrigation,
    – réduction du boisage et des frottements dus au vent,
    – réduction des coups de soleil d’autant plus marquée que le filet est sombre,
    – perte de teneur en sucres jusqu’à 1.5% Brix sur filet noir.

Bon à savoir

L’effeuillage est une technique expérimentée depuis 2005 dans différents bassins et pratiquée couramment depuis quelques années

  • La suppression des feuilles doit commencer 2 à 3 semaines avant le début de récolte présumée ;
  • L’intensité est très différente d’une entreprise à l’autre ;
  • Le volume de travail requiert entre 250 et 400 h/ha ; Attention, c’est une opération généralement peu appréciée des salariés ! ;
  • Ôter les feuilles n’influence aucunement la maturité, seule la coloration est affectée ;
  • La rentabilité de l’opération dépend du niveau de production et du pourcentage de fruits passants de catégories II en I ;
  • Attention aux brûlures/décolorations sur fruits, surtout en l’absence de filets paragrêle. Leur fréquence varie d’une année à l’autre, mais reste compris entre 0 et 5%. Consulter les prévisions météorologiques avant réalisation ;
  • Ne pas enrouler les filets paragrêles immédiatement après l’effeuillage pour éviter les coups de soleil ;
  • Former les opérateurs pour limiter les dommages causés aux fruits par les ciseaux.

Outils

  • Le principe de l’effeuilleuse à vigne a été adaptée spécifiquement à l’arboriculture. Un flux d’air basse pression passe par un système de rotor et éjecte les feuilles autour des pommes sans les endommager. La vitesse de travail préconisée est de 1 à 1.5 km/h soit 2 à 3 h/ha.
  • Eviter d’effeuiller juste avant une pluie car des microlésions causées par les feuilles cassées peuvent être une porte d’entrée aux maladies fongiques.
  • Parmi les outils disponibles on peut citer :
    – Effeuilleuse Vortex 501F (Olmi S.R.L) distribué en France par Ets Chabas
    – Effeuilleuse Redpulse (Fruitec)
    – Effeuilleuse Collard distribuée par Ets Collard SA

Agriculture biologique

Un enherbement développé, éventuellement sous l’arbre, est favorable à une hygrométrie supérieure et donc à des températures plus basses au lever du soleil. (1°C de plus ou de moins peut changer significativement la prise de couleur).

Témoignages

Coups de soleil

De quoi s’agit-il ?

Les coups de soleil sont des désordres physiologiques irréversibles causés par les radiations solaires et/ou par l’augmentation de températures induites à la surface du fruit. Ils peuvent être une cause importante de perte commerciale de fruits, soit de façon directe par nécroses ou plages de décoloration, soit indirectement par des développements de brunissement ou autres maladies de conservation. Les niveaux de dégâts sont très dépendants des techniques culturales et bien évidemment des conditions climatiques et microclimatiques au niveau du fruit. Il faut noter que la réduction des coups de soleil peut s’avérer antagoniste de la promotion de la coloration.

Caractéristiques de la variété

  • Peu sensible aux coups de soleil ;
  • Épiderme clair jusqu’à l’approche de la récolte prédisposant moins que les foncés ;
  • Les symptômes sur pommes commencent à apparaître pour une température à la surface du fruit de 45 °C, mais les fruits de Cripps Pink cov et variétés dérivées tolèrent une température à la surface du fruit exposée à la lumière jusqu’à 49°C ;
    – Ces niveaux de températures à la surface du fruit peuvent apparaitre dès que les températures sous abris atteignent 30°C.

Point clés

  • Consulter les prévisions météorologiques pendant les chantiers d’éclaircissage manuel et de taille en vert. Reporter leur exécution si nécessaire ;
  • Favoriser les interventions précoces par arrachage de gourmands plutôt qu’une taille en vert en juillet ;
  • Éviter les stress hydriques pour favoriser la transpiration : prévoir une irrigation avant ou durant une vague de chaleur ;
  • Une fois cueillis, protéger les fruits dans les palox, les stocker à l’ombre et/ou utiliser une bâche non plastique.

Conseils

  • La gestion des coups de soleil est antagoniste de celle de la coloration, il faut donc faire des compromis ;
  • Différentes techniques permettent de limiter les coups de soleil en limitant l’effet direct : filet paragrêle, taille et conduite adaptées, application d’argile, irrigation sur frondaison, …
  • Supprimer une partie des fruits à l’extrémité des branches pour éviter un brusque basculement ;
  • Supprimer lors de la taille les coursonnes et lambourdes sur le dessus de la branche fruitière ;
  • Possibilité de brasser l’air si présence de tours à vent ;
  • Retarder l’utilisation de toile réfléchissante à un mois avant la récolte ;
  • Pratiquer des aspersions de refroidissement si la turbidité de l’eau et la teneur en calcium le permettent :
    – à utiliser dès que la température sous abri dépasse 30°C aux heures les plus chaudes de la journée,
    – maximiser l’évaporation tout en minimisant les quantités d’eau apportées : selon Evan (2004), 2 mm/heure sont nécessaires,
    – des systèmes automatisés peuvent déclencher des cycles pour limiter la quantité d’eau apportée,
    – ce système peut être utilisé, au crépuscule, 4 à 6 semaines avant la récolte pour faire baisser rapidement la température des fruits et améliorer la coloration.

Attention

  • Si des températures élevées sont enregistrées au moment du basculement naturel de la branche fruitière, de nombreux dégâts peuvent apparaître en verger. De même, au niveau des techniques culturales, le passage brutal d’un fruit de l’ombre à la lumière, lors de l’éclaircissage manuel ou de la récolte, contribue à exacerber le phénomène.
  • Les haies étroites ont de nombreux avantages, mais prédisposent aux coups de soleil ;
  • La face ouest est plus sujette aux coups de soleil ;
  • Ne pas pulvériser de soufre si des températures chaudes sont prévues ;
  • Éviter des tailles en vert excessives et/ou en période de fortes chaleurs ;
  • Éviter les vergers non enherbés entre rangs (réflexion de rayonnement additionnel) ;
  • L’utilisation de kaolin peut retarder la maturité de 3 à 7 jours ;
  • L’irrigation sous frondaison a peu d’effet sur le microclimat du verger.

Bon à savoir

  • Les désordres sont irréversibles, mais selon leur intensité, ils peuvent être masqués par l’apparition de la pigmentation, à l’approche de la maturité ;
  • L’acclimatation progressive des fruits au soleil limite l’apparition des symptômes. La tolérance maximale est atteinte au bout de 3 jours d’exposition ;
  • L’épiderme des fruits se protège du soleil et de la chaleur grâce à la présence d’antioxydants, de pigments photo-protecteurs et de protéines de stress et par un épaississement de la cuticule qui réfléchit le rayonnement,
  • Le stress de chaleur réduit la photosynthèse et le potentiel de calibre. L’effet est cumulatif et les longues périodes chaudes sont plus dommageables que les courtes ;
  • Les dégâts apparaissent à partir du diamètre de 45 mm, en deçà la surface du fruit ne permet pas d’absorber suffisamment de radiation et de chaleur ; cependant, à cette période, le climat est rarement suffisamment chaud ;
  • Les coups de soleil sont causés par deux facteurs externes qui s’additionnent : la chaleur et la lumière. La chaleur est responsable de la décoloration plus ou moins prononcée de l’épiderme et la lumière contribue à la dégradation des cellules sous-épidermiques. Cette dernière étape est sublétal et conduit au développement d’échaudure ;
  • Au niveau de la lumière, ce sont les UV-B qui sont les principaux responsables des dégradations des cellules ;
  • Les fruits fortement exposés au soleil sont généralement plus fermes, plus sucrés et moins acides ;
  • Le nombre de jours avec des températures supérieures à 30, 35 et 40°C donne la probabilité de risque pour une zone donnée.

Focus

  • Au niveau de la température ambiante mesurée sous abri, il est considéré qu’à partir de 30 °C les coups de soleil peuvent apparaitre. Cependant, plusieurs facteurs climatiques (présence de nuages, force du vent, forte hygrométrie) contribuent à diminuer la température à la surface du fruit qui n’est pas corrélée à la seule température de l’air ;
  • En journée ensoleillée, la température maximale sur l’épiderme du fruit est enregistrée entre 14 et 17 h ;
  • Différents types de coups de soleil existent :
    – nécroses dues aux températures à la surface du fruit atteignant 52°C ±1°C pendant seulement 10 mn. Les cellules épidermiques, sous-épidermiques et même corticales meurent et laissent apparaitre une brûlure marron foncé à noire,
    – brunissement : T° de 49°C pendant environ une heure, symptôme le plus commun, se traduit par des décolorations évoluant graduellement du jaune au brun et qui apparaissent quelques jours après l’effet des températures. Le dommage est superficiel et lié à la baisse en chlorophylle et anthocyanes et à l’augmentation en caroténoïdes et quercétine. Parallèlement, des marques lenticellaires et de la rugosité peuvent de développer dans la zone altérée.
    – coups de soleil photo-oxydatif T° < 45°C : ces symptômes se traduisent par une zone blanchâtre apparaissant lorsque les fruits passent soudainement de l’ombre à la lumière (notamment lors de la récolte).

Barrière physique

  • Utiliser argile et talc seuls ou avec une cire de Carnauba pour que les particules blanches réfléchissent la lumière et réduisent la température de surface du fruit de 5 à 10°C (Glenn et al., 2002) ;
  • Les produits à base de cire protègent contre les UV, blanchissent moins les fruits et sont moins défavorables à la coloration ;
  • Appliquer en plusieurs fois (3 à 4 en moyenne), avant et selon les vagues de chaleur, avec un intervalle de 7 à 21 jours pour compenser/recouvrir le grossissement du fruit. Renouveler après lessivage (pluie, irrigation…) ;
  • Les produits formulés sont plus efficaces que le kaolin utilisé seul ;
  • Nettoyage spécifique à prévoir en station (brossage, eau chaude, acidification, …) ;
    – Une action mécanique type brossage est indispensable pour débarrasser les fruits des particules blanchâtres résiduelles,
  • La barrière physique peut contrarier certains insectes et limiter leur nuisance, mais aussi leur bénéfice, dans le cas d’auxiliaires ;
  • Les produits peuvent s’avérer irritants pour les yeux, la peau et les voies respiratoires du personnel allergique.
Application d’argile pour limiter les coups de soleil

Agriculture biologique

  • Les bonnes pratiques et l’utilisation de barrière physique restent des solutions quelle que soit la conduite adoptée.
    – L’application d’argiles à doses élevées en automne limite les coups de soleil et réduit le puceron cendré au printemps suivant d’environ 50 %.

Récolte

De quoi s’agit-il ?

La récolte est la dernière étape clé de la production. Tous les efforts entrepris au verger peuvent être réduits à néant par une récolte mal maîtrisée. L’appréciation du stade de maturité et le déclenchement de la récolte sont deux points essentiels dans la gestion du verger. La rentabilité à court et long terme dépend de cette maîtrise qui va peser sur la qualité, le potentiel de conservation et in fine sur la satisfaction du consommateur.

Caractéristiques de la variété

  • Récolte sélective liée à la surface et à l’intensité de la coloration. Les pommes, pour atteindre le niveau Premium, doivent présenter une surface colorée d’au moins 40 % sur une même face, avec une intensité correspondant à un niveau minimum I4 sur le code couleur CTIFL – Association Pink Lady® Europe – Star Fruits®.
  • Récolte tardive : première passe deuxième décade d’octobre dans les zones les plus précoces :
    – risque de températures froides, voire parfois de gel d’automne,
    – risque de pluie et de récolte en conditions boueuses,
    – difficulté accrue pour trouver de la main-d’oeuvre,
  • Fruits fragiles, sensibles aux coups et aux mâchures ;
  • Sensible aux maladies de conservation.

Points clés

  • Prévoir un effectif de cueilleurs adapté et formé, d’autant plus que quelques jours de pluie viennent régulièrement retarder le chantier de récolte ;
  • Etre présent en permanence aux côtés des cueilleurs pour vérifier la qualité de leur travail. Ne pas attendre le retour de l’agréage pour changer les consignes.
  • Le dimensionnement de l’équipe est calculé sur la base : du potentiel de fruits à récolter quotidiennement, de la vitesse de récolte au niveau de l’exploitation, du nombre d’heure effectuées par jour.
  • Déterminer correctement la date de maturité et s’astreindre à faire le premier passage à cette date.
  • Ne pas retarder le début de récolte pour augmenter la part de fruits récoltés sur la première passe.
    – Le premier délestage est favorable à l’évolution de la coloration des fruits restants,
    – Plus l’année est difficile climatiquement, moins il faut retarder le premier passage,
  • Renouveler les passages au moins une fois par semaine. La réduction du nombre de passages se fera forcément au détriment de l’homogénéité et de la qualité globale de la récolte ;
  • Ne pas risquer la surmaturité pour attendre une coloration qui ne viendra pas ;
  • Gérer le risque de maladies de conservation (délai avant récolte, risque résidus).

Conseils

  • Améliorer la résistance des fruits par une nutrition équilibrée.
  • Utiliser l’expérience des années précédentes pour fixer des dates butoirs. Si les conditions climatiques ne sont pas favorables, il est illusoire d’attendre.
  • Passé le stade 8 d’amidon (20/11), la coloration du fruit reste pâle et n’évolue plus aussi favorablement, la synthèse des anthocyanes devenant insuffisante ;
    – Dès que la surmaturité est atteint inutile d »envisager plusieurs passages, récolter l’ensemble des fruits restants,
  • Former les équipes de récolte notamment pour le choix des fruits, recommander la vigilance lors de la manipulation des fruits : avoir le bon geste pour détacher les fruits avec le pédoncule, ne pas les serrer et les poser délicatement ;
  • Préférer la pose directe ;
  • Contrôler régulièrement la qualité de la récolte (absence de mâchures) en étant en permanence aux côtés des cueilleurs. Ne pas attendre le retour de l’agréage pour changer les consignes.
  • Connaître les règles pour travailler en toute sécurité et prévenir les accidents : éléments de protection, tenue, hydratation, etc. ;
  • Utiliser le matériel à disposition en toute sécurité : stabilité, postures de travail et de déplacement. Ce sont les salariés les moins expérimentés qui sont les plus sujets aux accidents.

Attention

  • Vérifier l’état et le capitonnage des picking bags ou des caisses auto-vidantes, former les cueilleurs à leur utilisation en favorisant la dépose dans les palox par couche horizontale ;
  • Ne pas remplir totalement les palox ;
  • Utiliser des palox en plastique ou des palox en bois neufs (rigidité supérieure) ;
  • Former et contrôler tractoristes, caristes et chauffeurs ;
  • Limiter les chocs lors du transport : vérifier le bon état des chemins, adapter la vitesse et éviter les manipulations excessives des palox.
  • Ne pas récolter les jours et lendemains de pluies ou les matins de gelées blanches ;
  • Ne pas récolter de fruits gelés : la dilatation en palox (des cellules contractées par le gel) induit des mâchures ;
  • Limiter l’entrée de terre en station pour limiter le risque de contamination par le phytophthora et la souillure de l’eau de trempage ;
    – Mieux vaut enlever la terre à la main que d’essayer de laver les palox au jet. L’eau favorise les projections à l’intérieur du palox ce qui empire le risque de développement de champignons,
  • Penser à maîtriser les maladies de conservation : gloeosporioses, tavelure, crottes de mouche et maladie de la suie, phytophthora. Vérifier les délais avant récolte (DAR) avant utilisation des spécialités commerciales ;

Agriculture biologique

La récolte tardive des variétés Cripps Pink cov et dérivés est accompagnée souvent de conditions humides, elle nécessite une adaptation des pratiques pour éviter de tasser le sol.
• La rectification des ornières est indispensable mais résous uniquement un facteur limitant « logistique », le vrai problème est la dégradation du sol par tassement
• Les sols dégradés aboutissent souvent à des arbres moins performants et plus sensibles aux bioagresseurs (cf. Focus – Tassement).

Témoignages